[15/08/2007 15:55:53] WASHINGTON (AFP) Les marchés financiers, plongés dans la tourmente par la crise du “subprime”, espèrent une baisse des taux directeurs, mais la banque centrale américaine risque d’en décider autrement au vu de la santé de l’économie. A Wall Street, les investisseurs sont de plus en plus nombreux à tabler sur une baisse du principal taux directeur de la Reserve fédérale, actuellement fixé à 5,25%, d’ici sa prochaine réunion prévue le 18 septembre. Certains espèrent même qu’elle abaissera son taux en urgence d’ici là, comme elle l’avait fait en 2001 après l’explosion de la bulle internet. Pour l’instant, la banque centrale a préféré agir en injectant des liquidités par le biais de ses opérations de prise en pension au jour le jour, une technique qui permet d’agir à très court terme. “Les marchés croient dur comme fer à une baisse des taux”, mais “les fondamentaux de l’économie, comme les derniers chiffres de l’inflation, rendent la Fed très réticente à baisser ses taux sur la base de difficultés des marchés financiers”, estime Stephen Gallagher de la Société Générale. Les prix à la consommation, publiés mercredi, ont progressé de 0,1% en juillet et de 0,2% hors alimentation et énergie. Certains voient des signes d’amélioration dans ce rapport — après tout, l’indice général est tombé à son plus bas niveau depuis novembre dernier. “L’inflation n’est pas une bête dévorant l’économie”, assure l’économiste indépendant Joel Naroff. “Ce rapport devrait calmer les craintes de la Fed, mais il n’est pas sûr qu’il le fasse”, ajoute-t-il. En effet, la Fed risque de se concentrer sur les aspects moins optimistes du rapport. Les chiffres mesurés sur le trimestre sont moins bons (+2,5% en rythme annuel) que l’indice général, et ils se détériorent de mois en mois. “Cette tendance donne corps à la thèse de la Fed comme quoi il est trop tôt pour se convaincre d’une modération durable de l’inflation”, estime Kenneth Beauchemin du cabinet Global Insight. La Fed, qui vise une hausse des prix comprise entre 1% et 2%, avait répété la semaine dernière que l’inflation restait son inquiétude prédominante. Et au vu des derniers chiffres, “l’inflation reste un problème”, renchérit Brian Wesbury de First Trust Advisors, qui s’attend à une dégradation plus nette dans les mois à venir. Par ailleurs, les derniers indices sur la croissance révèlent que, même si l’économie a ralenti, elle garde un certain dynamisme. Les ventes de détail ont plus augmenté que prévu en juillet grâce à une bonne tenue des dépenses dans tous les secteurs hormis l’essence et l’automobile — un signe positif pour l’économie car les ménages sont le principal moteur de la croissance. Le déficit commercial s’est amélioré en juin, ce qui incite les analystes à penser que la croissance a sans doute dépassé 4% au dernier trimestre. Et mercredi encore, la Fed a annoncé une hausse de 0,3% de la production industrielle, qualifiée de “solide” par les économistes. “Le secteur industriel a pu surmonter l’effet de la crise immobilière grâce aux faibles niveaux de stocks, une forte demande à l’exportation et la poursuite d’une croissance modérée”, a estimé Daniel Meckstroth, chef économiste de l’alliance des industriels MAPI. Aussi les analystes jugent-ils qu’il faudrait vraiment une dégradation nette et persistante sur les marchés financiers pour que la banque centrale baisse ses taux. Mais “si la tourmente continue, la Fed pourrait avoir besoin de voler à leur secours”, estiment les analystes de BMO Nesbitt Burns dans une note. |
||
|