[16/08/2007 14:34:31] PARIS (AFP) L’avionneur européen Airbus a annoncé jeudi qu’il livrerait son premier avion géant A380 à la compagnie Singapore Airlines le 15 octobre, espérant ainsi marquer la fin des déboires industriels de ce programme phare qui a plongé le groupe dans la crise. Après trois reports successifs, totalisant 18 mois de retard en raison d’importantes difficultés d’industrialisation, Airbus a confirmé que le dernier calendrier élaboré en octobre 2006, au plus fort de la crise, serait tenu. L’avionneur a précisé dans un communiqué que le premier vol commercial aurait lieu dès le 25 octobre entre Singapour et Sydney et a ajouté que “les appareils destinés à Singapore Airlines, Emirates Airlines et (la compagnie australienne) Qantas sont également sur la bonne voie”. Le groupe compte actuellement 173 commandes fermes et engagement d’achat de 14 clients, dont 55 pour Emirates (dont 47 fermes), 20 pour Qantas, 19 pour Singapore, 15 pour Lufthansa et 12 pour Air France, pour cet avion d’une capacité de près de 500 à plus de 800 places. L’industrialisation de l’avion géant a pâti en particulier de la difficulté d’assemblage des câblages électriques fabriqués en France et en Allemagne, qui a mis en lumière le manque d’intégration de la filiale d’EADS et conduit à la simplification de la gouvernance franco-allemande du groupe européen. Airbus a révisé son calendrier de livraisons en mai 2005, juin 2006 et une dernière fois le 3 octobre 2006. Il ne reste qu’une seule livraison en 2007 contre 29 prévues initialement, et la montée en cadence industrielle a été repoussée de deux ans en moyenne pour atteindre quatre appareils par mois en 2010. Les charges liées au retard de l’A380 ont pesé pour 2,5 milliards d’euros dans l’exercice 2006 d’Airbus, en perte de 572 millions d’euros. La facture totale de la crise devrait dépasser 6 milliards d’euros d’ici à 2010 et le seuil de rentabilité de l’appareil a été relevé de 270 à 420 ventes. EADS a lancé le plan de restructuration Power 8 pour économiser 5 milliards d’euros d’ici 2010, puis 2,1 milliards par an, au prix notamment de 10.000 suppressions d’emplois, dont la moitié chez les sous-traitants. La première tâche a été de régler la question des câblages et de rassurer les clients. Des centaines d’ingénieurs et techniciens français et allemands se sont réunis pour créer des câblages compatibles, développer des outils informatiques communs. Louis Gallois, co-président d’EADS depuis juillet 2006 et président d’Airbus depuis octobre, a pu annoncer en janvier l’installation d’un nouveau câblage du premier A380 de Singapore Airlines, et la mise en place d’un système de câblage entièrement revu à partir de 2008. “Airbus est de retour”, a déclaré M. Gallois, ajoutant en juin: “nous avons récupéré le contrôle de la production de cet avion (…) l’A380 sera livré à l’heure”. Les anciens clients ont renouvelé leur confiance en commandant 26 exemplaires supplémentaires depuis octobre 2006, dont 9 au premier semestre 2007. Airbus table sur plus de 20 commandes pour l’ensemble de l’année. Toutefois, le programme n’est pas encore “tiré d’affaire” et “nous ne pouvons pas nous permettre de bévue lors de la montée en puissance”, déclarait prudemment fin juillet Thomas Enders, actuel co-président d’EADS, qui prendra les commandes d’Airbus en octobre, tandis que Louis Gallois deviendra unique président exécutif d’EADS. |
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