Crise financière : Sarkozy invite le G7 à plancher sur la transparence

 
 
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Nicolas Sarkozy répond aux journalistes lors de son jogging à Wolfeboro le 16 août 2007 (Photo : Nicholas Kamm)

[16/08/2007 16:18:42] PARIS (AFP) Le président Nicolas Sarkozy a appelé jeudi les pays du G7 à se saisir de la crise financière actuelle pour proposer des mesures visant à renforcer la “transparence” des marchés, un souci de longue date qui n’a pas encore trouvé de véritable réponse.

“Tirer dès à présent les conséquences et les enseignements” de la crise des prêts hypothécaires à risques aux Etats-Unis (“subprimes”): c’est ce que propose M. Sarkozy dans une lettre adressée à la chancelière allemande Angela Merkel, avec copies aux autres chefs d’Etat et de gouvernement du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Canada et Italie).

Secouées depuis des semaines par les craintes liées à cette crise, les Bourses mondiales ont encore plongé jeudi.

Dans son courrier daté du 15 août à Wolfeboro, son lieu de villégiature américain, le président français souhaite que les ministres des Finances du G7 travaillent sur ce sujet et soumettent un “rapport d’analyse et de propositions” lors des réunions d’octobre prochain à Washington.

“Je crois profondément à la liberté, mais je ne peux pas accepter ce que nous avons vécu toutes ces dernières années: l’explosion de la spéculation”, a expliqué jeudi M. Sarkozy à des journalistes à Wolfeboro, en interrompant son jogging matinal. “Il faut qu’il y ait de la transparence, il faut qu’il y ait de la régulation”, a-t-il insisté.

Dans sa lettre, le président juge “essentiel” de veiller “à la transparence du fonctionnement des marchés”, à ses yeux “le principal instrument de régulation sur lequel nous pouvons nous appuyer”.

L’initiative semble avoir agacé en Allemagne, pays qui assure actuellement la présidence du G7 et milite depuis des mois, sans grand succès, pour une meilleure régulation des fonds spéculatifs. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, deux pays au coeur du système financier, ont notamment freiné des quatre fers.

“Le sujet n’est pas nouveau”, a réagi jeudi un porte-parole de la chancellerie allemande, soulignant que “la lettre reprend des propositions largement discutées” lors du dernier sommet du G8 à Heiligendamm. “La chancelière Angela Merkel a clairement exprimé son engagement pour davantage de transparence sur les marchés financiers”, a-t-il ajouté.

“La question de la gouvernance est un serpent de mer”, résume Mathilde Lemoine, économiste de HSBC. “Il y a eu énormément de rapports qui ont été faits, énormément de propositions intéressantes”, mais “peu d’avancées”. “Toute initiative est bonne”, juge-t-elle néanmoins, estimant que “le rôle du politique est de pousser à ce qu’on se rapproche” de la transparence.

L’économiste Marc Touati, de l’association Aux commandes de l’économie (ACDE) estime lui que le geste de M. Sarkozy “risque de jeter de l’huile sur le feu”. “Cela peut créer un climat de suspicion” si les marchés l’interprètent comme le signe “de phénomènes plus graves que ceux que l’on est en train observer”, craint-il.

A l’heure où des inquiétudes planent sur les conséquences que pourrait avoir la crise financière actuelle sur l’économie réelle, M. Sarkozy s’est dit “convaincu que ces mouvements de marché ne sauraient affecter durablement la croissance de nos économies, qui est robuste”.

Les dirigeants des grandes puissances étaient jusqu’à présent restés muets face à la crise, à l’exception d’une courte intervention, la semaine dernière, du président américain George W. Bush.

 16/08/2007 16:18:42 – © 2007 AFP