Les prix du pétrole suivent la déroute des marchés boursiers

 
 
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Une pompe à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[16/08/2007 20:01:31] NEW YORK (AFP) Les prix du pétrole brut ont emboîté le pas jeudi aux marchés boursiers en pleine déroute, mettant de côté la crainte de voir l’ouragan Dean endommager les infrastructures pétrolières.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en septembre a perdu 2,33 dollars, clôturant à 71,00 dollars. Il a glissé en séance jusqu’à 70,10 dollars, au plus bas depuis début juillet.

Sur l’Intercontinental Exchange de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a lâché 2,19 dollars à 69,77 dollars. Il est descendu jusqu’à 69,05 dollars, son plus bas niveau depuis le 13 juin.

Alors que les cours du brut avaient progressé sensiblement depuis le début de la semaine face au risque d’ouragans, ils ont radicalement inversé la tendance jeudi, devant la prolongation et l’accentuation de la crise boursière.

Jeudi, les Bourses mondiales ont accéléré leur déclin, en raison de l’amplification des craintes entourant la crise des crédits immobiliers à risque (dits “subprimes”): Paris a terminé à son plus bas niveau de l’année (-3,26%), Londres a chuté de 4,10% et à Wall Street, le Dow Jones a connu en matinée une correction de 10% par rapport à son plus haut historique atteint mi-juillet.

Sur le marché du pétrole, cela laisse, en premier lieu, craindre des conséquences sur le niveau de la demande énergétique.

“Il y a maintenant de grosses inquiétudes concernant la croissance américaine et mondiale, alors que les marchés financiers sont entrés dans une période de réelles turbulences”, a souligné Jason Schenker, analyste de la banque Wachovia. Or, tout ralentissement de la croissance laisse présager un ralentissement de la demande de brut, en premier lieu des Etats-Unis, qui sont les premiers consommateurs de pétrole au monde.

En second lieu, face à ces temps agités, les opérateurs “s’éloignent des investissements risqués”, a souligné Eric Wittenauer, analyste d’AG Edwards, car cela pourrait encore amplifier leurs pertes.

De nombreux fonds étaient entrés sur le marché au début de l’été, spéculant sur de nouveaux prix records, qui ont été atteint le 1er août, à 78,77 dollars.

Par ailleurs, le marché semblait avoir mis de côté ses peurs de voir l’ouragan Dean et la dépression tropicale Erin abîmer les infrastructures pétrolières du Golfe du Mexique.

“Cela reste définitivement une source d’inquiétude, mais cela n’a pas pu renverser la tendance baissière”, a souligné M. Wittenauer.

Transformé en cyclone jeudi, Dean est devenu le premier ouragan enregistré cette saison dans l’Atlantique nord.

L’ouragan, qui se rapprochait des Petites Antilles, a pour l’instant été classé en catégorie 1 sur l’échelle Saffir-Simpson qui en compte 5 et sa trajectoire semblait moins menaçante pour les installations pétrolières.

“Mais le potentiel (dangereux) est encore là et après Dean, le Centre national des Ouragans américains (NHC) prévoit une autre tempête”, a souligné M. Wittenauer.

En revanche, la tempête tropicale Erin, qui représentait un danger plus immédiat, a finalement atteint le Golfe a priori sans dégâts. Elle a été rétrogradée en dépression tropicale jeudi, quand elle a touché le Texas.

“Pour vraiment endommager les infrastructures dans le Golfe du Mexique, il faut un cyclone de catégorie 3 ou plus”, a indiqué M. Wittenauer.

Le marché garde à l’esprit les ravages des ouragans Katrina et Rita à l’été 2005. Leur passage dans la région et la dévastation de plateformes pétrolières et de raffineries avaient propulsé les cours au-dessus de 70 dollars pour la première fois de leur histoire.

 16/08/2007 20:01:31 – © 2007 AFP