Emploi des diplômés du supérieur : physionomie de l’offre et de la demande

La campagne lancée par l’UTICA (Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce
et de l’Artisanat) sous le slogan ‘‘Déterminés à réussir la campagne de
l’emploi’’ des diplômés du supérieur permet, à la lumière des offres de
certaines entreprises ayant répondu à l’appel de la Centrale patronale, mais
aussi des demandes soumises sur le site de l’Union, d’apprécier les profils
les plus demandés, les profils les plus demandeurs, et, sur un autre plan,
les gouvernorats les plus demandeurs d’emploi et ceux les plus offreurs.

Cette appréciation ne saurait être exhaustive ni ne pourrait donner une idée
générale sur les besoins des entreprises en personnel et les qualifications
des demandeurs, car elle se limite aux offres et demandes formulées depuis
le début du mois de juillet à aujourd’hui, c’est-à-dire durant un mois et
demi.

Au chapitre de la demande, Tunis est en tête de liste avec 47 demandeurs,
suivi du gouvernorat de l’Ariana (31), de Ben Arous (17), de Sfax (11), de
Gafsa (9), de Monastir (7), de Nabeul et Kairouan (6) et de Bizerte (4). Les
moins demandeurs sont Zaghouan, Kasserine, Sousse, Mahdia (3), Tozeur (2),
Kebelli et le Kef (1).

Contrairement à ce qu’on pourrait – peut-être – penser, il n’y a pas de
parallèle entre la région et le profil du demandeur ; exemple : l’unique
demandeur d’emploi (pour le moment) de Tozeur est titulaire d’une maîtrise
en études supérieures commerciales, cependant que celui du Kef est
technicien supérieur. C’est pour dire qu’il n’y a pas de rapprochement à
faire entre la vocation de la région et la nature de l’emploi sollicité. Ce
qui, en revanche, se doit d’être signalé, c’est que certaines régions n’ont
pas soumis des offres d’emploi, et il s’agit justement de Tozeur et du Kef
pour ne citer qu’eux. Cela veut dire qu’au meilleur des cas, le demandeur
d’emploi d’une telle région n’ayant rien à proposer devrait chercher
ailleurs.

Côté demande, donc, les profils les plus récurrents sont : études
commerciales, marketing, informatique et communication, économie, gestion,
finances, ingénieurs, télécoms, statistiques, etc. Surprise : le tourisme
culturel a son diplôme et son demandeur. Ceci exclu, les demandes n’ont rien
d’étonnant puisqu’elles reflètent, toutes, les besoins de ce siècle, ou
plutôt les métiers en vogue, notamment l’informatique.

Au chapitre de l’offre, c’est…le gouvernorat de l’Ariana qui est le plus
généreux avec 58 possibilités, suivi de Tunis (23) et, de loin, de Ben Arous
(11). S’ensuivent Sousse et Sfax (5), Bizerte (4), La Manouba (3) et Nabeul
(2).

S’il faut conclure à la hâte, on va dire que, contre 178 demandes, il n’y a
(pour le moment) que 114 offres seulement. Pis : alors que 20 gouvernorats
sont demandeurs d’emplois (leurs jeunes diplômés, c’est clair), seuls 8
gouvernorats proposent (par entreprises interposées) des emplois. Les offres
d’emplois tournent – presque toutes – autour des mêmes profils, à savoir :
conseiller commercial, responsable développement, ingénieurs (électrique,
mécanique…), développeur Web, infographiste, comptable, responsable qualité,
techniciens, opérateurs saisie, designer, marketing, mais aussi…langues (les
trois à la fois), et même le sport (médecin de sport, éducation physique),
sans parler de la dernière nouveauté en Tunisie : les métiers en rapport
avec les centres d’appel.

Quoi qu’il en soit, l’initiative de l’UTICA est salutaire à plus d’un titre.
Lors d’un récent colloque organisé par la Centrale, précisément sur la
question de l’emploi des diplômés du supérieur, M. Hédi Djilani, le patron
des patrons tunisiens, a pris le taureau par les cornes : «Dites-moi en quoi
est-ce que cela léserait une entreprise employant 200 personnes d’engager
encore un jeune diplômé ?… Et si chaque entreprise faisait la même chose,
vous vous rendez compte du nombre d’inactifs que cela aiderait ?…».
Jusqu’ici, le message semble avoir fait mouche. Gageons que la suite ne
manquera pas d’arriver…