Dopé par l’aversion au risque, le yen grimpe contre l’euro et le dollar

 
 
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Une Japonaise vérifie une liasse de billets, le 13 juillet 2006 à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[17/08/2007 09:40:31] LONDRES (AFP) Le yen japonais a atteint des niveaux plus vus depuis plus d’un an contre le dollar et depuis près de dix mois face à l’euro vendredi, poursuivant le spectaculaire rebond entamé cette semaine à la faveur de l’aversion au risque qui s’est emparée des marchés.

Vers 09H00 GMT (11H00 à Paris), l’euro s’échangeait contre 152,05 yens, après s’être replié jusqu’à 149,28 yens en début d’échanges, un plus bas depuis le 2 novembre 2006.

Le dollar également faisait les frais de ce fort rebond du yen: il a baissé à un niveau plus vu depuis le 5 juin 2006, soit 111,62 yens. Il valait 113,23 vers 09H00 GMT.

Depuis son record historique du 13 juillet à 168,95 yens, la devise européenne a cédé 11,6% face au yen.

Quant au billet vert, qui avait atteint un pic à plus de 124 yens à la mi-juin, il a depuis lâché 10,1%.

“Le carnage se poursuit sur les marchés financiers, et la plupart des investisseurs fuient le +carry trade+ pour se porter sur des actifs moins risqués”, explique Dustin Reid, économiste à la banque ABN Amro.

“Sur le marché des changes, les opérateurs boudent donc les devises à haut rendement et le yen continue d’être la plus performante des principales devises”, a-t-il ajouté.

En phase de volatilité minimale sur les marchés financiers, le yen est la principale victime de la stratégie du “carry trade”, qui consiste à emprunter une devise à bas prix, dans une économie à faibles taux d’intérêt, pour l’échanger contre une devise permettant d’investir dans une économie à meilleur rendement.

Les investisseurs empruntent donc habituellement du yen – le taux directeur de la Banque du Japon est à 0,50% – et l’échangent contre du dollar australien, du dollar néo-zélandais ou de la livre sterling par exemple, des devises offrant des rendements de 6,50%, 8,25% et 5,75% respectivement.

La stratégie est rentable, mais elle est jugée risquée: la tourmente financière actuelle incite donc les investisseurs à liquider les positions de “carry trade” accumulées, au bénéfice du yen qui a spectaculairement grimpé non seulement contre l’euro et le dollar, mais aussi contre les dollars des antipodes et la livre sterling.

La devise nipponne évolue donc en sens inverse de la plupart des actifs financiers frappés par les craintes d’une crise du crédit généralisée. Depuis une semaine, plus les Bourses dégringolent, plus le yen se renforce.

“Un passage du dollar sous les 109 yens est devenu une hypothèse réaliste. Si ce seuil cède, la pyschologie du marché pourrait dramatiquement changer”, avertit Derek Halpenny, économiste à la Bank of Tokyo-MUFJ.

Alors que les spéculations se multiplient sur une pause monétaire en zone euro et aux Etats-Unis, voire sur une baisse des taux d’intérêt due aux circonstances exceptionnelles, les analystes n’excluent pas à l’heure actuelle que la Banque du Japon (BoJ) aille à contre-courant, en portant de 0,50 à 0,75% son taux directeur le 23 août.

“La probabilité reste bonne que la BoJ relève son taux directeur, même s’il serait difficile de lui reprocher d’attendre un mois, le temps que les marchés se calment”, juge Julian Jessop, du cabinet Capital Economics.

 17/08/2007 09:40:31 – © 2007 AFP