Croissance molle, crise boursière : rentrée difficile pour le gouvernement français

 
 
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Christine Lagarde le 7 juillet 2007 à Paris (Photo : Olivier Laban-Mattei)

[19/08/2007 13:16:53] PARIS (AFP) La rentrée économique s’annonce particulièrement épineuse pour le gouvernement, confronté au coup de frein de la croissance et des créations d’emplois en France, mais aussi aux possibles séquelles de la tourmente boursière mondiale.

“Pouvoir d’achat, croissance, et situation économique et financière” seront au coeur de la première réunion de travail convoquée lundi par le président Nicolas Sarkozy.

Les nouvelles ne sont guère reluisantes. Loin de l’embellie que laissait présager le net regain de moral des ménages et des industriels depuis mai, les dernières statistiques –à l’exception d’une inflation toujours sage– ont dessiné un tableau morose de l’économie française.

Début août, les Douanes annonçaient un déficit commercial record de plus de 15 milliards d’euros de janvier à juin. La semaine dernière, l’Insee faisait état d’une maigre croissance de 0,3% au deuxième trimestre, moitié moins que prévu. Et, dans la foulée, d’une stagnation des créations d’emplois sur la même période, avec seulement 3.700 emplois créés.

“L’économie, c’est simple: pas de croissance, pas d’emploi”, résume Nicolas Bouzou, économiste du cabinet d’études Asterès. “Pris de court par une conjoncture bien moins forte que prévu, les chefs d’entreprises ont gelé leurs embauches”, analyse-t-il. Le chômage a toutefois de nouveau reculé en juin.

Du coup, nombre de conjoncturistes prédisent une année 2007 moins dynamique que prévu, avec une croissance sous la barre des 2%, ce qui pourrait se solder par de moindres recettes fiscales et un déficit budgétaire accru.

De quoi compliquer la tâche du gouvernement, qui s’est engagé à réduire le déficit public tout en finançant son coûteux “paquet fiscal”, et l’équation du budget 2008, dont le volet recettes est en préparation.

La ministre de l’Economie Christine Lagarde n’en reste pas moins confiante. Jugeant que la croissance “molle” du printemps tient surtout à un attentisme électoral, elle pronostique un troisième et quatrième trimestres “de bon augure”. Et elle a maintenu ses prévisions de croissance à “2,25% sur 2007 et 2,5% sur 2008”.

Pour doper l’activité, elle table notamment sur l’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires. Ce dispositif, qui entrera en vigueur en octobre, “devrait améliorer la productivité des entreprises et le pouvoir d’achat des salariés”, assure la ministre.

Reste à savoir si ménages et entreprises sortiront indemnes de la tempête que traversent les marchés financiers. “La crise ne va aider personne, mais elle ne va pas non plus plomber” notre économie, même si “cela peut inciter les entreprises à être plus prudentes sur leurs investissements”, juge Christian de Boissieu, président du Conseil d’analyse économique (CAE).

Nicolas Bouzou estime “urgent” de “lancer un vaste chantier de réformes structurelles”, allant de l’assouplissement du marché du travail, objet de prochaines négociations entre les partenaires sociaux, à la création d’une “TVA sociale”, en passant par la baisse de l’impôt sur les sociétés.

Après le temps des mesures fiscales, favorables à la demande, “le temps est désormais à la politique de l’offre”, juge M. de Boissieu.

“Il va falloir dans le budget 2008 prendre un certain nombre de dispositifs pour aider les PME à croître. C’est comme cela qu’on regagnera des parts de marché, qu’on réduira notre déficit extérieur” qui est “le principal défi que nous avons à relever”, conclut l’économiste.

 19/08/2007 13:16:53 – © 2007 AFP