Crise des crédits : l’Asie semble mieux armée qu’en 1997 pour résister

 
 
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Réaction d’un investisseur devant un panneau électronique donnant les résultats de la Bourse de Shanghaï, le 16 août 2007 (Photo : Mark Ralston)

[19/08/2007 08:56:08] HONG KONG (AFP) Dix ans après la crise asiatique, les Bourses de la région sont fortement ébranlées par la tempête des crédits immobiliers à risques aux Etats-Unis, mais les économies régionales semblent mieux armées pour résister, selon des experts.

“Les marchés asiatiques ont plongé à cause d’un facteur extérieur à la région. C’est un problème américain et les fondamentaux en Asie restent solides”, estime Dong Tao, économiste en chef au Crédit Suisse.

“La dernière tempête a très peu d’impact sur la stabilité financière asiatique et sur son économie +réelle+. Je suis persuadé que l’ampleur n’est pas comparable avec la crise de 1997”, renchérit Tan Hui économiste auprès de la banque Standard Chartered.

Même sentiment pour Naresh Garg, du fonds Sahara Mutual à Bombay qui, pour l’Inde, estime que “même si les risques financiers sont réels, à long terme, le scénario semble intact”.

Les places asiatiques ont été frappées de plein fouet cette semaine par la crise des “subprimes”, les crédits immobiliers à risque américains.

La Bourse de Tokyo, deuxième place mondiale, a enregistré vendredi sa plus forte baisse depuis avril 2000 en plongeant de 5,42%. Séoul, Hong Kong, et Shanghaï ont tourné le dos leurs récents records tandis que Séoul a accusé jeudi le plus brutal recul de son histoire (-6,93%).

Cette semaine noire a rappelé à certains la crise financière asiatique de juillet 1997 lorsque la devise thailandaise perdit 18% du jour au lendemain déclenchant une crise de confiance, la chute de la Bourse et une fuite des capitaux.

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Les cours des indices de la Bourse de Tokyo le 16 août 2007 (Photo : Toru Yamanaka)

Le phénomène se propagea comme une trainée de poudre à de nombreux pays d’Asie. La Thaïlande, la Corée du Sud, l’Indonésie et les Philippines dûrent accepter l’aide du Fonds monétaire international (FMI) en échange de mesures d’assainissement des comptes publics et des systèmes financiers.

Une décennie après la tourmente, les pays d’Asie du Sud-Est ont largement rebondi, tirés aussi par la croissance exponentielle du géant chinois.

Aujourd’hui mieux armée, l’Asie risque cependant d’être encore exposée tant que les gros investisseurs touchés vendront massivement leur titres pour se renflouer, avertit M. Tan Hui.

Car si la plupart des banques d’Asie sont jugées relativement peu exposées aux mauvaises créances américaines, certains fonds d’investissements impuissants à recouvrer des prêts “subprime” cherchent à compenser leurs pertes en vendant à tour de bras des actions en Bourse.

Cette crise met aussi en lumière la vulnérabilité de l’Asie aux mauvaises nouvelles en provenance de l’extérieur.

“Le monde est trop exposé aux risques venant des Etats-Unis, moins sur le volet financier que sur celui les exportations”, selon M. Dong.

Par exemple, en Inde à cause de cette tempête boursière, la roupie a atteint son plus bas niveau face au dollar depuis deux mois. Les opérateurs s’inquiètent d’une fuite de capitaux étrangers, lesquels soutiennent depuis des mois les Bourses indiennes.

Enfin, la crise des crédits démontre une nouvelle fois le poids du géant chinois. Pour Li Kui Wai, spécialiste des marchés asiatiques basé à Hong Kong, Pékin est amené à jouer le rôle de contre-poids et stabiliser la région en cas de crise majeure. “La Chine (…) va jouer un rôle stabilisateur. Le niveau de liquidités est immense”, relève-t-il.

 19/08/2007 08:56:08 – © 2007 AFP