[19/08/2007 09:02:25] LONDRES (AFP) Les banques sont au coeur de la tourmente qui a agité encore cette semaine les marchés boursiers, les investisseurs redoutant qu’elles n’essuient de lourdes pertes en raison des difficultés du marché du crédit américain, même si l’ampleur de ce risque est difficile à cerner. Depuis le mois dernier, les difficultés de certains ménages américains à rembourser leurs emprunts hypothécaires ont entraîné un plongeon des Bourses, les principaux indices ayant reculé de 10 à 15% en un mois: au centre des inquiétudes, l’exposition de certains établissements bancaires à ce marché. C de nombreuses banques et autres fonds d’investissement, notamment en Europe, avaient investi ces dernières années dans le crédit immobilier risqué aux Etats-Unis (les désormais fameux “subprime mortgages”), alléchés par les rendements élevés offerts par ces placements. Mais le retournement du marché immobilier américain a métamorphosé ce pari juteux en désastre, la valeur des logements auxquelles ces créances douteuses étaient adossées s’étant soudainement effondrée. En juillet, la banque américaine Bear Stearns a déclenché l’onde de choc en annonçant que deux de ses fonds dans lesquels ses clients ses clients avaient investi environ 1,5 milliards de dollars au total, avaient vu leur valeur réduite à zéro. La banque française BNP Paribas a gelé à son tour au début du mois trois fonds d’investissement adossés à des portefeuilles de créances, estimés auparavant à 2 milliards d’euros, expliquant que leur valeur était pour le moment devenue impossible à évaluer, et empêchant du même coup les investisseurs institutionnels qui en avaient acheté des parts de récupérer leur mise. La semaine dernière, la banque allemande IKB, qui avait investi près de 8 milliards d’euros dans les “subprimes mortgages”, s’est quant à elle retrouvée au bord de la faillite, obligeant ses actionnaires à la renflouer. Ces annonces ont fait l’effet d’une douche froide dans les salles de marchés, faisant craindre aux investisseurs des pertes en cascade pour l’industrie financière. Conséquence, les valeurs bancaires ont essuyé en Bourse d’importants replis. BNP Paribas a abandonné 11% sur un mois, sa compatriote Société Générale 15%, tandis que les britanniques Barclays et RBS perdaient 14% et 8% respectivement, et l’allemande Deutsche Bank 12%. La Bourse de Londres, qui abrite une forte proportion d’entreprises financières et immobilières, a même subi jeudi sa pire séance depuis le déclenchement de la guerre en Irak au printemps 2003, chutant de 4,10% ce jour-là. Mais l’impact exact de la crise des “subprimes” sur le secteur reste cependant difficile à établir. Jeudi, une filiale du Crédit Agricole a évalué à 150 milliards de dollars le coût total de la crise des subprimes pour les investisseurs dans le monde, alors que le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, avait estimé les pertes potentielles entre 50 et 100 milliards de dollars. En ce qui concerne BNP Paribas, les analystes de Natixis estiment dans une note que le gel de ses trois fonds “n’aura pas réellement d’effets sur ses comptes”, alors que le groupe avait dégagé plus de 7 milliards d’euros de bénéfices l’an dernier, mais qu’il aura surtout des conséquences négatives pour son image, alors qu’il s’était dit il y a peu “quasiment immunisé face à la crise actuelle”. Les experts de Calyon s’interrogent également sur l’ampleur du problème, estimant qu’il faudra du temps avant de faire la lumière. “Bien qu’il soit peu probable que les pertes liées à cette crise soient une catastrophe, les marchés ignorent qui va en payer le prix” et “cela prendra deux à trois ans avant de connaître les pertes exactes”, ont-ils écrit. |
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