Le Nasdaq jette l’éponge et va se retirer du capital de la Bourse de Londres

 
 
SGE.MKL92.200807175811.photo00.quicklook.default-245x148.jpg
Le tableau électronique du Nasdaq à Times Square à New York en novembre 2006 (Photo : Spencer Platt)

[20/08/2007 17:59:15] LONDRES (AFP) Après un an et demi de lutte infructueuse pour acheter la Bourse de Londres, la Bourse américaine Nasdaq a jeté l’éponge lundi en annonçant qu’elle voulait se retirer du capital de l’entreprise britannique, peut-être pour mieux se concentrer sur la bataille pour la Bourse nordique OMX.

Dans un bref communiqué, le Nasdaq a annoncé que son conseil d’administration “a autorisé la société à explorer les pistes en vue d’une cession de sa participation” d’environ 31% au capital du London Stock Exchange (LSE), laquelle vaut près de 800 millions de livres (1,2 milliard d’euros, 1,6 milliard de dollars).

Le Nasdaq a expliqué qu’il avait été conduit à prendre cette décision parce que “le cours de Bourse du LSE ne reflétait pas” selon lui, la valeur de son investissement, et qu’il consacrerait, sur le montant de la vente, un milliard de dollars maximum à son désendettement et le reste à acheter ses propres titres, une mesure qui gonflera mécaniquement son bénéfice par action.

Par ailleurs, dans un autre communiqué, l’opérateur boursier a précisé qu’il ne vendrait pas 30% ou plus des droits de vote du LSE à “un seul acheteur” ou à plusieurs personnes agissant de concert. En Grande-Bretagne, l’acquisition de 30% ou plus d’une société par un investisseur l’oblige à lancer une offre sur l’ensemble du capital.

Si la cession de la participation du Nasdaq dans le LSE aboutit, elle marquera la fin d’une relation tumultueuse entre le Nasdaq et l’entreprise de marché britannique, depuis que l’américain a lancé sans succès une offre publique d’achat hostile sur sa concurrente en mars 2006, puis a fait le mois suivant une entrée en force à son capital en acquérant un bloc de 15%.

La Bourse électronique américaine était revenue à la charge en lançant en début d’année une seconde OPA sur le LSE, qui avait à nouveau échoué en dépit de plusieurs augmentations du prix proposées pour séduire la majorité des actionnaires.

Le LSE, dont l’histoire remonte à plus de 300 ans, et dont la directrice générale Clara Furse défend farouchement l’indépendance depuis 2001, avait décliné fermement ses avances, de même que celles d’autres prétendants, alimentant les spéculations sur l’avenir du groupe et propulsant son cours de Bourse à des niveaux record.

Ces dernières années, le LSE avait également repoussé trois autres offres émanant de la Bourse paneuropéenne Euronext (qui a depuis formé avec la Bourse de New York la première Bourse d’actions mondiale, Nyse Euronext), l’allemande Deutsche Börse, et la banque australienne Macquarie.

“Clara Furse a dû bondir de joie” ce matin, résumait un analyste qui préfère rester anonyme, même s’il ajoutait que la part du Nasdaq pourrait attirer les convoitises d’autres prédateurs.

Le coup de grâce pour le Nasdaq est semble-t-il intervenu en juin, lorsque le LSE a négocié le rachat amical du gestionnaire de la Bourse de Milan, Borsa Italiana.

Car cette opération, qui prévoit le versement de nouvelles actions du LSE aux actionnaires de Borsa, devrait une fois achevée ramener la participation du Nasdaq au capital de la Bourse de Londres à un peu plus de 20%, compliquant ainsi la tâche de l’américain.

Du coup, les analystes se demandaient si le Nasdaq, en mal de diversification, allait poursuivre encore longtemps son aventure londonienne, d’autant que le groupe s’est entretemps engagé sur un autre route pavée d’embûches.

Le Nasdaq, qui a proposé de racheter la Bourse nordique OMX pour 2,7 milliards d’euros, pourrait voir en effet la facture s’alourdir, le groupe émirati Borse Dubai ayant surenchéri vendredi en proposant 13,7% de plus, soit l’équivalent de 2,94 milliards d’euros.

Avec son retrait annoncé du LSE, “le Nasdaq prépare probablement sa réplique à l’offre de Borse Dubai, mais il est difficile de dire jusqu’à quel prix il est prêt à monter”, estimait lundi Karl Berglund, analyste au cabinet ABG Sundal Collier.

Vers 17H20 GMT, l’action du Nasdaq prenait 1,77% à 32,26 dollars à New York. A Londres, le LSE a clôturé en hausse de 2,44% à 1300 pence, tandis qu’à Stockholm, OMX a pris 2,16% à 237 couronnes suédoises.

 20/08/2007 17:59:15 – © 2007 AFP