Les chantiers de Gdansk, berceau de Solidarité, luttent pour leur survie

 
 
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Lech Walesa, futur leader de Solidarnosc, s’adresse aux proches des ouvriers en grève devant les chantiers navals à Gdansk le 25 août 1980

[21/08/2007 11:30:08] VARSOVIE (AFP) Berceau du mouvement anticommuniste polonais Solidarité il y a tout juste vingt-sept ans, les chantiers navals de Gdansk luttent désormais pour leur survie dans une Union européenne qui encadre strictement les subventions publiques.

Le 20 juillet, la Commission avait donné jusqu’au 21 août à Varsovie pour présenter un plan “convaincant” de restructuration de ces chantiers, sous peine de réclamer le remboursement des aides publiques reçues.

Lundi, les autorités polonaises ont annoncé avoir adressé une réponse, dans laquelle elles refusent de se plier à toutes les exigences européennes de réduction des capacités de production des chantiers.

Cette réponse, un document de quelque 200 pages, “insiste sur la nécessité de laisser fonctionner aux chantiers deux cales de construction, et non une seule comme le veut Bruxelles”, a indiqué un vice-ministre polonais de l’Economie, Pawel Poncyliusz.

“Pour l’instant, tout ce que nous pouvons dire, c’est que nous avons reçu ce document et que les services de la commissaire (européenne à la Concurrence) Neelie Kroes l’examinent”, a déclaré mardi la porte-parole de la Commission européenne, Amelia Torres.

Les chantiers navals de Gdansk ne sont aujourd’hui que l’ombre du bastion ouvrier qui avait vu naître le 31 août 1980 le premier syndicat libre du bloc soviétique, Solidarité (Solidarnosc en polonais), conduit par Lech Walesa.

Ils emploient environ 3.000 salariés, contre près de 17.000 en 1980 lorsqu’ils portaient le nom de Vladimir Ilitch Lénine et représentaient le fleuron de l’industrie communiste.

Leur déclin avait commencé à la fin des années 1980 et le dernier gouvernement communiste avait suggéré leur fermeture en invoquant un manque de rentabilité. L’initiative avait été perçue comme une vengeance d’un régime à bout de souffle.

Mais dans les années 1990, les chantiers n’ont pas réussi à s’adapter à l’économie de marché. La faillite a finalement été déclarée en 1996 et l’établissement racheté par les chantiers navals voisins de Gdynia. Ceux-ci ont à leur tour été confrontés à des difficultés économiques et repris en 2004 par l’Etat polonais.

La Commission s’est dite satisfaite des propositions présentées pour réduire la capacité de production des chantiers navals de Gdynia et de Szczecin (nord-ouest), mais ceux de Gdansk restent dans son collimateur.

Selon un membre du Conseil de surveillance des chantiers de Gdansk, Roman Galezowski, les responsables de l’établissement sont d’accord pour supprimer d’ici deux à trois ans ses cales de construction, à condition de les remplacer par une cale flottante, plus moderne.

“Grâce à cette nouvelle installation, nous ne produirons pas davantage, mais nous produirons moins cher”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Trois concurrents potentiels sont intéressés à prendre 75% des chantiers navals de Gdansk, dont le groupe ukrainien Donbass qui a déjà 5% de l’établissement. Il est en concurrence avec l’armateur italien FVH et “un groupe d’investisseurs arabes”, a indiqué M. Galezowski.

Le montant des aides publiques reçues par les chantiers de Gdansk après l’adhésion de la Pologne à l’UE en 2004 fait l’objet de controverse: Varsovie le chiffre à 36 millions de zlotys (9,5 millions d’euros), alors que Bruxelles l’évalue à 192 millions de zlotys (50,3 millions d’euros).

Inquiets pour l’avenir de leurs chantiers au cas où ils devraient rendre ces aides, une centaine de syndicalistes de Gdansk s’apprêtent à aller manifester à Bruxelles le 31 août, jour anniversaire de l’acte de naissance officiel de Solidarité.

 21/08/2007 11:30:08 – © 2007 AFP