Le gouvernement français veut éviter que les banques fassent payer la crise aux PME

 
 
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La ministre de l’Economie Christine Lagarde arrive à l’Elysée le 20 août 2007 (Photo : Bertrand Guay)

[21/08/2007 15:16:17] PARIS (AFP) Le gouvernement, inquiet d’un éventuel resserrement du crédit aux entreprises qui serait préjudiciable aux investissements, a mis en garde les banques, qui se défendent pour le moment de toute volonté de durcissement liée à la crise financière.

Le Premier ministre François Fillon a estimé dans un entretien au Monde daté de mercredi que les banques “ne doivent prendre aucune mesure de durcissement du crédit”. Il a également annoncé la tenue d’une réunion sur le sujet avec des dirigeants de banques la semaine prochaine à Matignon.

Des propos qui font écho à ceux du ministre de l’Economie Christine Lagarde, qui avait appelé lundi au dialogue pour éviter que les établissements de crédit “ne profitent de la situation de crise financière pour durcir les conditions d’octroi du crédit”.

La crise financière initiée par celle des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis, dits “subprimes”, a notamment provoqué une réévaluation du risque sur le marché du crédit. Les conditions d’emprunt sur les marchés financiers ne sont donc plus aussi favorables qu’il y a quelques semaines.

Le gouvernement craint que ce durcissement n’influe sur les conditions du financement des entreprises et pénalise ainsi l’investissement, qui a nettement ralenti au deuxième trimestre en France, au point d’atteindre un niveau de croissance nul.

“Il faut vraiment tout faire pour maintenir les taux d’intérêt (au niveau actuel, ndlr). C’est un vrai souci pour nous”, explique-t-on à la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).

“Les banques n’ont pas spécialement durci leurs conditions de crédit récemment. Elles ont relevé leurs taux progressivement en proportion du relèvement initié par la Banque centrale européenne (BCE) depuis la fin 2005”, estime Philippe Brossard, directeur de la recherche chez le spécialiste de l’assurance-crédit, Euler Hermes.

“La balle n’est pas tellement dans le camp des banques commerciales, elle est dans le camp de la BCE”, ajoute-t-il.

Sermonnées, les banques estiment infondées les craintes du gouvernement.

“Les conditions de crédit demeurent favorables”, considère-t-on au Crédit Mutuel.

Le groupe Caisse d’Epargne, quant à lui, “n’entend pas modifier sa ligne de conduite concernant la distribution de crédit aux entreprises”, indique Jean-Pierre Coiffé, directeur du marché des entreprises au sein de la banque mutualiste.

Les méthodes d’examen des dossiers de financement des entreprises “n’ont en aucune façon été durcies”, précise-t-il.

“Je ne crois pas qu’on puisse dire qu’aujourd’hui les banques organisent une pénurie de crédit parce qu’elles sont trop effrayées par le risque et, par là, sont en train de faire plonger l’économie”, juge M. Brossard.

Les sorties de M. Fillon et de Mme Lagarde interviennent quelques jours seulement après la convocation par le ministre de l’Economie du directeur général de la banque BNP Paribas, Baudouin Prot, au sujet du gel de trois fonds d’investissement, consécutif à la crise financière qui agite les marchés.

Début juin, Nicolas Sarkozy avait déjà rencontré des représentants du secteur des banques et des assurances, réclamant un plan d’action pour l’industrie financière. Ce plan, qui doit être dévoilé à l’automne, vise, entre autres, à “faciliter le financement des entreprises et notamment des PME”.

 21/08/2007 15:16:17 – © 2007 AFP