Moscou défie l’Union européenne en présentant son candidat à la tête du FMI

 
 
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L’ancien président de la banque centrale tchèque Josef Tosovsky, le 30 décembre 1997 (Photo : Michael Dolezal)

[22/08/2007 14:39:47] MOSCOU (AFP) Moscou a présenté mercredi la candidature d’un ancien banquier central tchèque à la tête du Fonds monétaire international (FMI), faisant ainsi entendre la voix des économies émergentes en défiant une règle non écrite selon laquelle ce choix revient à l’Union européenne.

La Russie a choisi Josef Tosovsky, responsable à la Banque centrale de Tchécoslovaquie (SBCS) à l’époque soviétique avant de prendre la tête de la Banque centrale tchèque en 1993, comme concurrent à l’unique prétendant jusqu’alors, l’ex-ministre français des Finances Dominique Strauss-Kahn.

“Dès que le processus de l’élection a été engagé, il est apparu clairement que la règle non écrite du candidat de l’Union européenne serait utilisée”, a déploré le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.

“C’est injuste envers les autres grands pays du monde, y compris des membres du G8. Le choix devrait être fait de façon professionnelle”, a ajouté le ministre, précisant que d’importantes économies émergentes comme le Brésil, l’Inde et la Chine “soutenaient l’idée d’une véritable élection”.

La France a aussitôt souligné que son candidat avait le soutien de l’Union européenne et d’un “très grand nombre” d’autres pays, dont la Chine.

Aux termes d’une règle non écrite, l’Europe désigne le directeur général du FMI tandis que les Etats-Unis choisissent le président de la Banque mondiale.

Le choix européen s’est fixé cette fois sur M. Strauss-Kahn, seul candidat déclaré jusqu’alors pour remplacer l’Espagnol Rodrigo Rato qui a annoncé sa démission et va quitter ses fonctions à la fin octobre.

Le “G24”, qui regroupe les principaux pays en développement, avait rappelé en juillet ses réserves sur la nomination d’un directeur général du FMI qui serait uniquement choisi par les pays européens.

“La Russie a donné un nouvel élan à cette élection qui se fera à présent sur des bases de concurrence”, a lancé M. Koudrine devant les journalistes.

M. Tosovsky, 56 ans, a notamment occupé le poste de gouverneur de la Banque nationale tchèque (CNB) entre janvier 1993 et décembre 1997 puis entre juillet 1998 et novembre 2000, et le poste de chef de gouvernement entre décembre 1997 et juillet 1998.

Depuis décembre 2000, il dirige l’Institut pour la Stabilité financière de la Banque des règlements internationaux à Bâle (Suisse).

“Je pense que c’est la suite de pressions similaires de la part de la Chine ou de l’Inde”, a commenté Roland Nash, l’économiste en chef de la société d’investissement Renaissance Capital à Moscou, qui y voit “une tendance à long terme”.

“Il y a une prise de conscience parmi les plus grands marchés émergents du fait qu’ils devraient avoir davantage leur mot à dire sur ce qui se passe au sein des organisations financières internationales et en particulier du FMI”, a-t-il estimé.

Ces pays dominent en termes de consommation et de production de matières premières et prennent de l’importance sur les marchés des capitaux, notamment par leur soutien de l’économie américaine par leurs achats de bons du Trésor américains, a-t-il souligné.

En usant pour la première fois de son droit de présenter un candidat à ce poste, la Russie utilise “un moyen de rappeler son existence et ses intérêts”, selon Mikhaïl Deliaguine, directeur de l’institut des problèmes de mondialisation.

“On nous reproche un manque de transparence, nous donnons maintenant l’exemple”, a-t-il ajouté.

Le choix d’un ressortissant de l’Union européenne est destiné à rendre cette candidature plus acceptable pour l’UE, estiment les deux analystes.

Le candidat de Moscou ne sera cependant pas choisi, selon M. Nash, car “la communauté financière internationale a du mal à accepter l’influence croissante de pays comme la Chine ou l’Inde et la Russie”.

 22/08/2007 14:39:47 – © 2007 AFP