[22/08/2007 17:41:13] PARIS (AFP) Le gouvernement a relancé sa pression sur la Banque centrale européenne afin d’éviter un nouveau relèvement des taux d’intérêts en septembre, une attitude immédiatement battue en brèche par la BCE mais aussi par le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. La première banderille a été lancée discrètement mardi par le Premier ministre François Fillon au détour d’une longue interview au journal Le Monde. “J’attends les futures décisions de la BCE, en soulignant combien l’inflation est à un niveau particulièrement bas en Europe”, a-t-il déclaré. La phrase, sibylline, constituait un message à l’intention de l’institut monétaire européen. Alors que celui-ci remonte régulièrement son taux directeur depuis décembre 2005, en arguant de tensions inflationnistes, la France souhaite qu’il renonce au nouveau tour de vis quasi-programmé pour sa réunion du 6 septembre, dans le contexte actuel de crise financière. Rebelote mercredi. Interrogée par la BBC sur l’opportunité d’une baisse des taux de la BCE, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a souligné que cette décision relevait de la “responsabilité et de l’autorité” des dirigeants de l’institut. Mais elle a ajouté dans la foulée qu’un tel geste “aiderait certainement les entreprises et les marchés en ce moment”. La réplique n’a pas tardé. Très jalouse de son indépendance, inscrite dans ses statuts, la BCE a campé sur ses positions. “La position du conseil des gouverneurs de la BCE concernant sa politique monétaire a été exprimée par son président le 2 août 2007”, a indiqué l’institut en annonçant une opération de refinancement à long terme pour stabiliser le circuit monétaire de la zone euro. A cette date, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, avait fait savoir qu’une “grande vigilance” était nécessaire quant aux dangers pesant sur la stabilité des prix en zone euro. Une formule qui signalait une hausse de son principal taux directeur, d’un quart de point, à 4,25%, le 6 septembre. Pour Karsten Junius, économiste à la Dekabank, le communiqué de mercredi constitue “clairement d’un message d’avertissement. La BCE répète qu’elle songe toujours à relever ses taux en septembre”. La BCE a trouvé un soutien en la personne de Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe qui réunit les ministres des Finances de la zone euro. “Je crois qu’il est sage que les ministres des Finances respectent l’indépendance de la Banque centrale européenne”, a-t-il estimé, dans un entretien à l’AFP. Il ne faut pas “gêner la Banque centrale pendant la période précédant sa réunion du 6 septembre” en “faisant des déclarations qui pourraient ne pas être comprises par les marchés”, a-t-il insisté. Dans le probable souci de ne pas braquer la Banque centrale, Christine Lagarde a un peu rectifié le tir en fin de journée. “La BCE est un organisme indépendant qui devra, à la lumière de ce qui s’est passé d’ici le 6 septembre, déterminer s’il est opportun de relever ou de stabiliser son taux”, a-t-elle déclaré sur Europe 1. Pour elle, la BCE fait face à un “dilemme”. “Soit on suit le droit fil des engagements du 2 août (…), soit on comprend les aspirations d’un certain nombre de gouvernements et de grands patrons de banques et d’entreprises pour obtenir du crédit et dans ce cas là la politique monétaire permet de desserrer un petit peu en n’augmentant pas le taux d’intérêt”, a résumé la ministre. “On est nombreux maintenant à indiquer notre préférence”, a conclu Christine Lagarde, même s’il n’y a guère de voix autres que françaises pour réclamer une inflexion de la politique monétaire. |
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