La Banque du Japon laisse sans surprise son taux d’intérêt inchangé

 
 
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La Banque du Japon à Tokyo le 17 janvier 2007 (Photo : Yoshikazy Tsuno)

[23/08/2007 10:10:15] TOKYO (AFP) La Banque du Japon (BoJ) a comme prévu laissé jeudi son taux directeur inchangé à 0,5% afin d’apaiser les marchés encore nerveux après la crise des prêts hypothécaires “subprime” aux Etats-Unis et prévenir une remontée brutale du yen qui déstabiliserait l’économie nippone.

Cette mesure était largement attendue. Il semblait en effet difficile pour la BoJ d’ignorer le cyclone qui vient de balayer les marchés mondiaux.

“Cette décision n’est pas une surprise. La BoJ est traditionnellement sensible aux angoisses du système financier”, a commenté Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities à Tokyo.

Le comité de politique monétaire a voté pour le statu quo à la majorité de huit voix contre une. L’unique dissident est l’économiste Atsushi Mizuno, le cadet (48 ans) des neuf banquiers centraux, qui a une réputation de “faucon” impatient de relever le loyer de l’argent.

A la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei a terminé sur un bond de 2,61%.

“L’économie japonaise continue à redémarrer progressivement, mais la volatilité a été élevée sur les marchés financiers mondiaux. Nous devons continuer à évaluer la situation”, a expliqué le gouverneur de la BoJ, Toshihiko Fukui, au cours d’une conférence de presse.

Il a jugé que le marché du crédit avait fait preuve de “trop de décontraction” avant la crise. La correction “va probablement prendre du temps, et se solder par des pertes et des larmes”, selon lui.

La crise du “subprime” a visiblement chamboulé les plans de la BoJ, qui semblait favorable à un relèvement il y a quelques semaines encore.

Depuis qu’elle a aboli en juillet 2006 sa politique de taux zéro visant à combattre la déflation, la banque centrale nippone ne cache pas en effet son souhait de “normaliser” le loyer de l’argent au Japon pour réduire peu à peu le différentiel avec les taux de la zone euro (4%) et des Etats-Unis (5,25%).

“La Banque du Japon veut apparemment normaliser les taux d’intérêt le plus vite possible. Mais elle va devoir attendre environ deux ou trois mois avant de le faire, car tout mouvement risquerait d’entraîner un nouveau rebond du yen”, a expliqué Mitsuru Saito, économiste chez Tokai Tokyo Securities.

Le dollar, qui s’échangeait encore aux alentours de 120 yens début août, a brusquement dégringolé jusqu’à moins de 112 yens la semaine dernière, alors que les Japonais rapatriaient massivement leurs avoirs placés à l’étranger pour les mettre à l’abri de la débâcle du “subprime”.

Le yen est toutefois reparti à la baisse ces derniers jours, rassurant les marchés qui s’inquiétaient pour les bénéfices des exportateurs nippons.

Le taux de change du yen par rapport au dollar dépend beaucoup du différentiel entre les taux japonais et américains. Un rétrécissement trop brutal de ce différentiel risquerait de provoquer une brusque flambée de la devise japonaise, ce qui agiterait à nouveau la Bourse de Tokyo.

Or les récents propos apaisants des responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) font croire à beaucoup d’investisseurs qu’un abaissement de taux aux Etats-Unis est prévu pour la réunion du 18 septembre.

La prochaine réunion de la BoJ est programmée le lendemain, 19 septembre. La décision que prendront les banquiers centraux nippons est donc largement dépendante de celle de leurs collègues américains.

“Le bon sens laisse à penser que la BoJ ne relèvera pas son taux le 19 septembre si la Fed abaisse le sien la veille”, a pronostiqué Hideo Kumano, économiste au Daiichi-Life Research Institute.

“Au moment où les banques centrales européenne et américaine redoublent d’efforts pour empêcher une pénurie de liquidités, la BoJ ne prendra jamais une décision surprise qui sèmerait le chaos”, a-t-il estimé.

 23/08/2007 10:10:15 – © 2007 AFP