L’Allemagne affiche son premier excédent budgétaire depuis la Réunification

 
 
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Le ministres allemand des Finances Peer Steinbrueck à Berlin le 4 juillet 2007 (Photo : Michael Kappeler)

[23/08/2007 16:43:55] FRANCFORT (AFP) L’Allemagne affiche son premier excédent budgétaire depuis la Réunification au premier semestre 2007, une bonne nouvelle de plus à mi-mandat pour la chancelière allemande Angela Merkel qui peut se targuer d’un assainissement à grande vitesse des finances publiques.

L’excédent est modeste, 1,2 milliard d’euros ou 0,1% du Produit intérieur brut (PIB), mais ceci n’enlève rien à la nouvelle annoncée jeudi par l’Office fédéral des statistiques (Destatis).

Car le budget public allemand, qui recouvre les comptes de l’Etat fédéral, des Etats régionaux, des communes et des caisses de sécurité sociale, n’a pas l’habitude d’être dans le vert. A titre de comparaison, il avait affiché un déficit de 23 milliards d’euros au deuxième semestre 2006.

C’est la première fois depuis longtemps “que nous sommes dans le plus”, s’est félicitée la chancelière conservatrice (CDU) Angela Merkel à l’ouverture d’un sommet gouvernemental au château de Meseberg, près de Berlin.

Depuis la Réunification en 1990, l’Allemagne n’avait dégagé un excédent budgétaire qu’une seule fois, au deuxième semestre 2000, mais il s’agissait d’un résultat faussé par les juteuses recettes tirées par l’Etat de l’octroi aux enchères de licences de téléphone mobile de troisième génération (UMTS).

L’Allemagne, qui peut déjà se vanter d’une croissance vigoureuse, apparaît ainsi comme un modèle de rigueur en Europe, au moment même où il n’est pas sûr que son grand voisin, la France, puisse tenir ses engagements en la matière.

Paris s’est engagé à ramener ses comptes publics à l’équilibre au plus tard en 2012. Mais la faible croissance pourrait compliquer la tâche du gouvernement de Nicolas Sarkozy, sans compter le financement des avantages fiscaux promis par le président français.

L’époque pas si lointaine où l’Allemagne se faisait rappeler à l’ordre par l’Union européenne pour déficit excessif semble donc oubliée. La première économie de la zone euro a longtemps enfreint les règles du Pacte de stabilité et de croissance, avant de revenir l’an dernier dans les clous.

Jeudi, la Commission européenne a salué l’excédent budgétaire de l’Allemagne, tout en l’incitant à “ne pas relâcher ses efforts”.

De quoi donner le sourire à Mme Merkel qui, arrivée à mi-parcours de son mandat, profite déjà d’une cote de popularité sans précédent.

Son gouvernement a fait de l’assainissement des finances publiques l’un de ses chevaux de bataille. Sur l’ensemble de l’année, il vise un déficit public de 0,5% du PIB et il espère un retour à l’équilibre en 2010.

Certains experts n’hésitent pas à se montrer plus optimistes. Même la très sage Bundesbank (banque centrale) estime que le budget public pourrait revenir à l’équilibre dès cette année.

Si les caisses sont pleines, c’est avant tout grâce au dynamisme de l’économie allemande. Après avoir enregistré l’an dernier une croissance du PIB de 2,9%, du jamais vu depuis 2000, l’Allemagne devrait poursuivre sur cette lancée grâce à l’excellente tenue de ses exportations et des investissements, et au redémarrage de la consommation des ménages.

Berlin table sur une croissance de 2,3% pour 2007, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’une prévision prudente.

Le budget public a également profité des réformes fiscales décidées par le gouvernement et surtout du passage début 2007 de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 16% à 19%. La très faible progression des dépenses publiques a aussi joué.

Pour autant, pas question de relâcher les efforts, a averti le ministre social-démocrate (SPD) des Finances, Peer Steinbrück: “Ceux qui demandent aujourd’hui des baisses d’impôts poursuivent sans rougir la politique qui a conduit l’Allemagne à accumuler une montagne de dettes”.

 23/08/2007 16:43:55 – © 2007 AFP