Les banques centrales, sur leurs gardes, continuent à abreuver le marché

 
 
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Le président de la banque centrale américaine Ben Bernanke, le 18 juillet 2007 (Photo : Chip Somodevilla)

[23/08/2007 14:22:21] FRANCFORT (AFP) Les banques centrales internationales, BCE et Fed américaine en tête, continuent à abreuver le marché, signalant ainsi qu’elles restent vigilantes face à la crise des “subprimes”, même si les Bourses semblent avoir retrouvé le moral.

La Banque centrale européenne a procédé jeudi à une opération de refinancement à long terme exceptionnelle, destinée à “aider la normalisation du fonctionnement du marché monétaire européen”, perturbé par la crise aux Etats-Unis des crédits hypothécaires à risque (“subprime mortgage”).

La BCE a prêté au total jeudi 40 milliards d’euros pour trois mois aux banques commerciales.

La banque centrale américaine reste elle aussi en alerte.

Elle a mis jeudi 17,25 milliards de dollars de liquidités à la disposition des marchés, en trois injections distinctes.

Ses injections se sont élevées à plus de 100 milliards de dollars depuis le 9 août, date de la montée en puissance de ses interventions.

Vendredi, la Fed avait soulagé les marchés en abaissant d’un demi-point son taux d’escompte.

Tous ces gestes sont des coups de pouce aux banques commerciales, qui ont de plus en plus de mal à se refinancer, c’est-à-dire à emprunter de l’argent frais pour couvrir les prêts qu’elles accordent.

Ces interventions des grandes banques centrales, à plus ou moins court terme, “compensent la répugnance des banques commerciales à se prêter de l’argent entre elles. Elles ne savent pas quelles concurrentes sont en difficultés (sur le marché hypothécaire américain). Et quand vous n’êtes pas sûr, vous gardez vos cartes en main”, a expliqué à l’AFP Holger Schmieding, chef économiste pour l’Europe de la Bank of America.

La situation est particulièrement tendue pour les crédits à plus long terme, marché sur lequel est intervenue la BCE.

L’Euribor à trois mois, taux auquel les banques européennes se prêtent de l’argent entre elles, dépasse actuellement 4,7%, son plus haut niveau depuis le printemps 2001, selon des experts. Et bien plus que le taux directeur de 4% de la BCE.

Les interventions constantes de la BCE et de la Fed montrent bien que les grandes banques centrales mondiales n’ont pas relâché leur vigilance, même si les marchés boursiers semblent avoir retrouvé le moral.

Sortir de la crise “va probablement prendre du temps” et se traduira par “des pertes et de la douleur” pour les établissements de crédit impliqués, a ainsi estimé jeudi le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Toshihiko Fukui.

La banque centrale japonaise a par ailleurs, et comme prévu, renoncé à relever jeudi son taux directeur. Elle l’a maintenu à 0,5%, pour ne pas ajouter à la fébrilité des marchés.

Pas question en revanche d’attendre une concession similaire de la part de la BCE: en annonçant mercredi son opération de refinancement, elle avait pris soin de maintenir sa réthorique sur un resserrement monétaire.

Selon les analystes, le taux directeur devrait augmenter à 4,25% en septembre en zone euro.

Le patron de la grande banque italienne Unicredit, Alessandro Profumo, juge quant à lui dans une interview à paraître vendredi dans Manager Magazin que les turbulences actuelles sur les marchés financiers ne sont “pas un phénomène de courte durée.”

Et en Allemagne, l’institut Creditreform, spécialisé dans le rencensement des faillites, a jugé que cette crise financière, en conduisant les banques à plus de méfiance dans l’attribution de prêts, pourrait bien faire augmenter le nombre de dépôts de bilan.

 23/08/2007 14:22:21 – © 2007 AFP