[27/08/2007 09:48:54] TOKYO (AFP) Le groupe japonais Toyota, ancien fabricant de métiers à tisser reconverti dans le moteur à explosion, fête mardi ses 70 ans après s’être offert avec un peu d’avance un beau cadeau d’anniversaire: la couronne de premier constructeur automobile mondial. Géant industriel au succès écrasant, inventeur d’un système de production, le “toyotisme”, imité dans le monde entier, pionnier des moteurs hybrides et autres technologies “propres”, Toyota reste aussi une entreprise typiquement japonaise qui cultive les traditions d’égalitarisme et d’humilité. Toyota a été officiellement fondé le 28 août 1937 par Kiichiro Toyoda, héritier d’une famille de magnats de l’industrie: son père, Sakichi Toyoda, avait été l’inventeur d’un métier à tisser automatique en 1924. La famille Toyoda a préféré le nom “Toyota”, avec la lettre T, qui, écrit en japonais, porte bonheur. Passionné d’automobile, Kiichiro parcourt l’Europe et les Etats-Unis pour enquêter sur ce moyen de locomotion et importer la technologie au Japon. Il fonde d’abord une division auto au sein de l’entreprise de métiers à tisser familiale en 1933 puis, quatre ans plus tard, fonde Toyota Motor Corporation. La famille est encore représentée de nos jours par un vice-président, Akio Toyoda, au sein du conseil d’administration. Toyota a aussi nommé cette année son premier administrateur étranger, l’Américain Jim Press. Basé depuis sa fondation à Toyota City, près de Nagoya (centre), Toyota est de loin la plus grosse entreprise du Japon en terme de chiffre d’affaires, de bénéfices, d’employés (286.000) et de capitalisation boursière.
Elle prévoit de produire en 2007 quelque 9,42 millions de véhicules, ce qui devrait confirmer son titre de premier constructeur mondial, ravi depuis le premier trimestre à l’américain General Motors. Ironie du sort, Toyota fête cette année ses 50 ans de présence aux Etats-Unis, devenu son marché numéro un. Selon les médias, Toyota prévoit de franchir en 2009 la barre des 10 millions de véhicules produits, une première mondiale pour un constructeur. Un succès que le groupe doit avant tout au fameux “toyotisme”, philosphie basée sur le principe d’amélioration continue, le traitement immédiat de tout problème et l’élimination totale du gaspillage. Au prix d’une gestion à flux tendu des effectifs, critiquée par les syndicats à l’étranger. Mise au point par le fondateur Kiichiro Toyoda, constamment améliorée par ses successeurs et adoptée avec plus ou moins de succès par de nombreuses sociétés de tous secteurs dans le monde, la “méthode Toyota” se double d’une stratégie commerciale particulièrement flexible. Cette stratégie se fonde toujours sur la philosophie du premier responsable des ventes du groupe, Shotaro Kamiya, débauché chez… General Motors en 1935, deux ans avant la naissance de Toyota. “Pour offrir au consommateur une vraie satisfaction, nous devont être flexibles et répondre aux changements des besoins des clients”, déclarait Kamiya, dont l’une des devises était: “Le client d’abord, le concessionnaire ensuite, le constructeur enfin”. Cette culture d’entreprise rigoureuse, réactive et à l’écoute des usagers a permis à Toyota de prévoir avec une bonne longueur d’avance sur ses concurrents l’engouement mondial pour les voitures “propres” et économes en carburant, une stratégie à la clé de son foudroyant succès actuel. Le nouveau champion du monde japonais n’a pas pour autant renoncé aux vertus nippones d’égalitarisme (les augmentations de salaires sont ainsi les mêmes pour tout le monde, du Pdg à l’ouvrier de base) et de modestie. “Il existe un conte à propos de trois dentistes: le premier affirme sur son enseigne qu’il est le meilleur dentiste du monde. Un autre qu’il est le meilleur du pays. Le troisième dit qu’il est le meilleur de la ville”, déclarait en mars Akio Toyoda au quotidien économique Nikkei. “Finalement, les patients choisissent le meilleur dentiste de la ville. Je dis toujours: soyons le meilleur constructeur automobile de la ville”. |
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