Hausse de taux : la BCE se laisse la liberté de ne pas frapper en septembre

 
 
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Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort le 6 juin 2007 (Photo : Martin Oeser)

[27/08/2007 21:53:00] BUDAPEST (AFP) Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a laissé entendre lundi qu’une remontée des taux directeurs dans la zone euro début septembre n’était pas chose acquise après les turbulences liées à la crise du “subprime”.

“L’évaluation du conseil des gouverneurs aura lieu le 6 septembre”, date du prochain conseil des gouverneurs où sera étudiée en détail la situation économique européenne et mondiale, a déclaré le Français en marge d’un forum économique à Budapest.

“Nous prendrons notre décision à ce moment-là”, a-t-il précisé.

Une petite phrase pas tout à fait innocente, quand on sait que marchés et économistes parient toujours en grande majorité pour un relèvement des taux directeurs à cette date, une attente largement nourrie par la BCE elle-même.

Le 2 août, M. Trichet avait souligné la “grande vigilance” des gardiens de l’euro sur les risques de surchauffe inflationniste découlant d’une relance économique solide dans la zone euro et des dangers d’une nouvelle flambée des prix du pétrole.

Cette expression a jusqu’ici infailliblement conduit à une hausse de taux le mois suivant. La BCE a déjà relevé à huit reprises les conditions du crédit dans la zone euro depuis décembre 2005, faisant grimper son principal taux de 2 à 4%.

Il avait aussi comme de coutume ajouté que la BCE ne s’engageait jamais à l’avance dans ses décisions de politique monétaire, une précaution d’usage qui lui permet aujourd’hui d’évoquer l’option du statu quo monétaire, à côté de celle d’une hausse de taux.

“Ces déclarations (du 2 août) étaient avant les turbulences du marché”, a insisté M. Trichet, laissant entrevoir une possible révision par le conseil de son opinion quant à la nécessité de resserrer la vis dès septembre.

La président de la Bundesbank, Axel Weber, avait lui aussi suggéré à la mi-août que la décision sur les taux n’était pas encore prise.

Même si la situation reste en voie de normalisation sur le marché monétaire à court terme, comme l’estime encore la BCE lundi, “une hausse de taux s’insère tout simplement mal dans le contexte actuel”, juge Stephan Rieke de la BHF-Bank pour qui la situation sur les marchés financiers demeure trop tendue pour accuser le coup d’un resserrement des vannes du crédit en Europe.

Ces derniers jours, plusieurs voix –notamment celle du gouvernement français et de huit influents économistes allemands– se sont élevées pour demander à la BCE de renoncer à remonter ses taux directeurs à la rentrée.

L’effondrement courant août du marché du crédit hypothécaire à risque américain (“subprime”) a menacé d’asphyxie les banques commerciales à travers le monde, reléguant au second plan les inquiétudes sur un éventuel dérapage des prix en zone euro.

La Réserve Fédérale américaine a baissé son taux d’escompte d’un demi-point, et les banques centrales mondiales ont, via des actions concertées, alimenté les marchés monétaires en liquidités pour répondre aux besoins des banques commerciales, qui ont quasiment cessé de se prêter de l’argent entre elles, par crainte d’éventuelles banqueroutes.

 27/08/2007 21:53:00 – © 2007 AFP