[28/08/2007 07:15:53] PARIS (AFP) Investir son épargne tout en se souciant de la portée sociale et environnementale de son geste: de plus en plus d’actionnaires individuels ou institutionnels se portent sur des fonds socialement responsables, une démarche “citoyenne” qui rapporte mais qui a ses limites. L’encours des investissements socialement responsables (ISR) a progressé de 26% en France en 2006, pour atteindre 12 milliards d’euros, selon une étude du centre de recherche Novethic. Une explosion due à une prise de conscience de la notion de développement durable mais aussi au retour sur investissement. “Les entreprises dans lesquelles j’investis et qui sont les plus responsables en matière environnementale et sociale sont également les plus intéressantes financièrement”, affirme Raymond Toye, actionnaire “militant” et membre de l’association Initiative pour un actionnariat citoyen (IPAC). Selon Novethic, sur les trois dernières années, la progression de ces fonds a été de 150% contre 71% pour le CAC 40. Comment une entreprise est-elle sélectionnée pour entrer dans un fonds ISR ? “Nous étudions les secteurs pour en comprendre les enjeux en matière d’environnement, de droits de l’Homme, de ressources humaines, et nous regardons ensuite comment les entreprises y répondent”, explique Aurélie Baudhuin, analyste éthique chez Meeschaert. “Nous regardons plus particulièrement les énergies renouvelables, les fabricants d’isolants”, précise-t-elle, ajoutant que “dans le pétrole, il est plus compliqué de trouver des entreprises qui se comportent de la façon la plus éthique possible”. Il faut distinguer plusieurs fonds dans la jungle de l’ISR. La plupart répondent à une approche de sélection “best in class” (meilleures de la catégorie) et regroupent les entreprises les mieux notées de leur secteur. 90% des entreprises du CAC 40 font ainsi partie de l’indice ASPI (Advanced sustainable performance indices) établi par l’agence de notation spécialisée Vigeo. Une manière de procéder qui a ses limites, selon M. Toye. “L’ISR englobant maintenant de plus en plus de fonds, il y en a parfois qui ne correspondent pas à notre définition de la responsabilité”, regrette-t-il. D’autres fonds “éthiques” sont plus restrictifs, excluant de fait le nucléaire, l’armement, le tabac, l’alcool ou les groupes pétroliers. Il existe aussi des fonds de partage qui reversent les dividendes à des organisations non gouvernementales. Malgré son succès, l’ISR reste marginal sur le plan financier, ne représentant que 1% des sommes placées sur le marché français. “Les réseaux bancaires n’ont pas fait d’efforts très marqués pour mettre en valeur ces produits. Les investisseurs particuliers ont un peu du mal à se repérer”, selon Jean-Pierre Sicard, président de Novethic. Mais ce type d’investissement a tout de même un impact sur la politique de grands groupes, très soucieux de leur image. “Il y a un net progrès au niveau du +reporting+ des entreprises. Sur l’environnement, cela est vraiment frappant”, se félicite M. Toye. Prenant conscience de leur pouvoir, certains actionnaires font plus qu’investir leur argent dans l’ISR et tentent de peser directement sur la stratégie des groupes, en intervenant par exemple en assemblée générale. Un phénomène “d’activisme actionnarial” déjà bien implanté dans les pays anglo-saxons et qui commence à se développer en France. “Lorsque je me lève en assemblée générale pour interpeller les dirigeants sur ces questions-là, je sens de moins en moins d’hostilité”, souligne M. Toye. |
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