[29/08/2007 08:52:52] FRANCFORT (AFP) La crise du crédit immobilier à risque américain, en plongeant dans la tourmente plusieurs banques publiques régionales allemandes, a donné un coup d’accélérateur inattendu à la concentration du secteur, qui n’avançait jusqu’à présent qu’à pas de fourmi. Ce week-end, la plus grosse Landesbank du pays, LBBW, a mis la main sur sa consoeur de Saxe (Est), SachsenLB, empêtrée dans des placements hasardeux réalisés sur le marché du “subprime”. Cette fusion, annoncée en urgence dimanche, aurait encore été impensable il y a quelques semaines. Les thèmes d’actualité étaient alors un possible rapprochement entre LBBW, basée à Stuttgart (Ouest) et la WestLB de Düsseldorf (Ouest), ou encore une entrée de WestLB au capital de SachsenLB. Mais la crise du “subprime”, en jetant dans la tourmente plusieurs Landesbanken, a provoqué un électrochoc. Les appels se sont multipliés depuis pour qu’elles unissent leurs forces afin d’augmenter leur chance de survie. Même le ministre des Finances, le social-démocrate Peer Steinbrück, s’est prononcé en ce sens. Car ce n’est un secret pour personne que le nombre de Landesbanken, 11 actuellement, est trop élevé. En 2005 déjà, une vague de consolidation avait été espérée, lorsque les instituts avaient perdu de généreuses garanties étatiques de solvabilité. Mais les gouvernements régionaux, soucieux de préserver leurs prérogatives et les emplois dans leurs régions, n’ont guère encouragé le mouvement. Les banques régionales, qui ont pour fonction première le financement des PME, emploient en tout plus de 50.000 salariés. Deux ans plus tard, la situation n’a guère évolué. L’Allemagne compte toujours 11 banques régionales, même si seulement 7 sont encore indépendantes: SachsenLB et Landesbank Rheinland-Pfalz sont passées sous le giron de LBBW, SaarLB sous celui de BayernLB et Landesbank Berlin a été rachetée par la Fédération des caisses d’épargne. La question est à présent de savoir si d’autres mariage sont en vue. L’hypothèse la plus vraisemblable reste un rapprochement entre LBBW et WestLB, qui donnerait naissance à la deuxième plus grande banque allemande derrière Deutsche Bank. Encore faut-il que les caisses d’épargne de Rhénanie et de Westphalie, qui possèdent la majorité de WestLB et pèsent de tout leur poids en faveur d’une fusion, parviennent à lever les réticences de l’autre grand actionnaire, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son ministre-président conservateur (CDU), Jürgen Rüttgers, n’a pas encore tranché sur le sort de la part de 38% du Land dans la banque. Il réfléchit aussi à la création de deux grandes unions de Landesbanken, une pour le nord du pays et l’autre pour le sud. La situation est encore compliquée par le fait que WestLB est empêtrée dans un scandale financier dû à des spéculations boursières hasardeuses, qui avait poussé à la démission son patron cet été. Les pertes pourraient dépasser les 500 millions d’euros dans cette affaire. Une autre possibilité qui s’offre aux banques régionales est une fusion verticale avec les caisses d’épargne (Sparkassen) qui les détiennent. Cette option, défendue par le maire de Düsseldorf pour la WestLB, ne suscite pas l’enthousiasme des Sparkassen. Quant aux banques privées, elles font figure de grandes absentes de ce débat. Certaines d’entre elles se sont plaintes de ne pas avoir été associées au processus de vente de SachsenLB, selon des sources financières. La consolidation tant souhaitée pourrait donc bien prendre un peu de temps. Le rachat de SachsenLB par WestLB “était un mouvement opportuniste”, estime Dirk Becker, analyste chez Kepler. “La consolidation des Landesbanken aura uniquement lieu si une situation d’urgence comme celle-ci se reproduit”, prophétise-t-il. |
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