Chine : le ministre des Finances tombe, à quelques semaines du congrès du PC

 
 
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Le ministre chinois des Finanaces Jin Renqing le 9 mars 2007 à Pékin (Photo : Frederic J. Brown)

[30/08/2007 09:13:43] PEKIN (AFP) Sur fond d’affaire de moeurs et de campagne anticorruption à quelques semaines du congrès du PCC, le ministre chinois des Finances est tombé, nouvelle victime du nettoyage politique entrepris par le président Hu Jintao.

Jin Renqing, 63 ans, en poste depuis quatre ans, a dû démissionner et a été nommé vice-directeur d’un centre d’études gouvernemental, a annoncé à l’AFP un porte-parole gouvernemental, sous couvert de l’anonymat.

L’agence officielle Chine Nouvelle a confirmé l’information un peu plus tard, précisant que l’actuel directeur de l’Administration des Impôts, Xie Xuren, lui succédait.

Agé de 59 ans, Xie a notamment été vice-ministre des Finances dans les années 90.

Le départ de Jin, selon le Ming Pao, un journal bien informé de Hong Kong, pourrait avoir été précipité par sa mauvaise gestion des obligations de l’Etat ou des rumeurs persistantes sur la hausse d’un impôt sur les transactions (finalement triplé en mai) qui avaient provoqué des turbulences boursières il y a quelques mois.

Mais le journal accorde une large place à un scandale sexuel dans lequel le ministre aurait été impliqué, mettant en scène deux autres personnalités: l’ancien secrétaire du parti communiste de la ville de Qingdao, Du Shicheng, et l’ancien président du conseil d’administration de la compagnie pétrolière Sinopec, premier raffineur d’Asie, Chen Tonghai.

A l’approche du 17e congrès du Parti communiste, le 15 octobre, le gouvernement a accentué ces derniers mois sa lutte contre la corruption, qui sape la légitimité du PCC et de ses dirigeants.

Ce congrès est considéré comme un rendez-vous important, où doivent être entérinés un nouveau mandat de cinq ans pour le président Hu Jintao et son Premier ministre Wen Jiabao.

La campagne anticorruption a déjà permis à Hu et Wen de se débarrasser de certains hauts responsables rivaux, comme des représentants de la faction dite de Shanghaï, de l’ancien président Jiang Zemin.

Justifié par un vrai scandale, celui du fonds de pension de Shanghaï ayant conduit à des détournements de fonds publics, le limogeage l’an dernier de Chen Liangyu, le numéro un du Parti communiste à Shanghaï, a ainsi été interprété comme une manoeuvre politique à l’encontre d’une personnalité rebelle au tandem en place à Pékin.

C’est aussi pour corruption que l’ancien directeur de l’Administration d’Etat de l’alimentation et des médicaments en Chine, Zheng Xiaoyu, qui avait rang de ministre, a été exécuté en juillet dernier.

Parallèlement, le gouvernement, dans une campagne relayée par de nombreux journaux officiels, exhorte depuis plusieurs mois les cadres dirigeants à mener une vie exemplaire pour éviter de susciter la colère de la population.

En juillet, un journal demandait que soient dévoilés les “secrets personnels” des cadres, appelant à prêter attention à leur “arrière-cour”, tandis que d’autres médias s’attaquaient de front, parfois avec humour, au phénomène des maîtresses, accusées de favoriser la prévarication.

De tels appels trouvent un écho dans certaines couches de la population qui n’ont pas toutes pour exutoire d’aller virtuellement tuer des fonctionnaires corrompus. Lancé début août, le jeu en ligne “Combattant incorruptible”, qui permet de torturer ou tuer des fonctionnaires corrompus, a fait un tel tabac qu’il a aussitôt été saturé.

 30/08/2007 09:13:43 – © 2007 AFP