Les nuages noirs s’accumulent dans le ciel de WestLB

 
 
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Le logo de la banque allemande WestLB (Photo : Michael Gottschalk)

[30/08/2007 11:38:29] FRANCFORT (AFP) L’avenir de WestLB s’assombrit de jour en jour: la banque, qui venait à peine de se redresser, a vu ses comptes replonger dans le rouge à cause de spéculations boursières hasardeuses, qui valent aussi à sa direction de faire l’objet d’une enquête judiciaire.

604 millions d’euros: c’est ce qu’a coûté à la banque publique régionale les pratiques illégales de certains de ses courtiers qui ont manipulé des cours d’actions, pour présenter, du moins sur le papier, des bénéfices importants et s’assurer des primes généreuses, selon le bilan semestriel de l’établissement publié jeudi.

Le prix à payer est beaucoup plus élevé que prévu: jusqu’à présent, WestLB l’avait chiffré à 243 millions d’euros.

Du coup, la banque de Düsseldorf (Ouest), qui semblait tirée d’affaire après plusieurs années difficiles, a vu ses comptes replonger dans le rouge au premier semestre, avec une perte nette de 170 millions d’euros, contre un bénéfice de 136 millions d’euros un an plus tôt.

Ce scandale financier, qui avait éclaté au printemps, a déjà poussé à la démission son patron, Thomas Fischer, remplacé cet été par Alexander Stuhlmann. La tâche du nouveau dirigeant de rétablir la confiance, qui s’annonçait déjà difficile, s’est encore compliquée mercredi avec l’annonce de l’ouverture d’une enquête par le parquet de Düsseldorf.

Les personnes visées: quatre anciens membres du directoire de WestLB, dont Thomas Fischer, et trois membres toujours en poste. Soit l’ensemble de l’équipe dirigeante de la banque… à l’exception de M. Stuhlmann.

La justice les soupçonne de ne pas avoir informé dans les règles le conseil de surveillance de WestLB de la situation. L’enquête pourrait durer jusqu’en 2008, a prévenu un porte-parole du parquet. En cas de procès, les personnes mises en cause risquent jusqu’à trois ans d’emprisonnement. WestLB s’est dite prête à collaborer avec la justice.

Le gendarme de la Bourse allemande, le Bafin, a lui aussi la banque dans son collimateur, mais les conclusions de ses investigations se font attendre. La publication d’un rapport commandé à la société d’audit KPMG, qui était attendue ces jours-ci, a été repoussée d’un mois environ, le temps pour les auditeurs de finir leur travail.

L’histoire se répète pour l’établissement bancaire. Il y a quelques années, il avait déjà été pris dans la tourmente en raison d’investissements risqués à l’étranger, qui avaient provoqué des pertes abyssales et le départ du patron d’alors, Jürgen Sengera. Il a récemment été mis en examen pour abus de confiance aggravé.

Les nouveaux déboires de WestLB tombent mal, en plein débat sur l’avenir des banques régionales publiques allemandes (Landesbanken), qui sont particulièrement touchées par la crise du crédit hypothécaire à risque (“subprime”) aux Etats-Unis. L’une d’entre elles, SachsenLB, a frôlé la faillite, et WestLB elle-même est touchée. Elle est exposée à hauteur de 1,25 milliard d’euros et a dû passer une charge de 50 millions dans ses comptes du premier semestre.

WestLB, affaiblie, fait figure de proie. Mais ses actionnaires ne parviennent pas à s’entendre sur son sort. Les fédérations de caisse d’épargne de Rhénanie et de Westphalie, qui détiennent à elles deux la majorité du capital, poussent de toutes leurs forces à une fusion avec la banque régionale de Stuttgart (Ouest), la LBBW. Cette dernière, qui vient déjà de racheter SachsenLB, continue de se dire intéressée, malgré les déboires de WestLB.

Mais l’Etat régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui contrôle directement et indirectement 38% de la Landesbank, freine des quatre fers. Le Land veut mandater d’ici le 10 septembre une banque conseil pour examiner toutes les options quant à sa participation. Une vente à un investisseur privé n’est pas exclue.

Le syndicat de services Verdi a ajouté jeudi son grain de sel, se disant opposé à toute vente, au nom du maintien des emplois dans la région.

 30/08/2007 11:38:29 – © 2007 AFP