Incertitude sur le mariage Suez-GDF après un désaccord entre l’Elysée et Suez

 
 
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le PDG du groupe Suez Gérard Mestrallet, le 30 octobre 2006 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[30/08/2007 16:03:44] PARIS (AFP) Le projet de mariage entre Suez et Gaz de France semblait incertain d’aboutir après un désaccord jeudi entre Suez et l’Elysée, qui a demandé au groupe privé de céder ses activités environnement.

Le président de la République Nicolas Sarkozy a souhaité jeudi, devant l’université d’été de l’organisation patronale Medef, que Suez se “spécialise dans l’énergie”, c’est-à-dire qu’il se sépare de son pôle environnement.

Or Suez a toujours dit qu’il refusait de céder ces activités relatives à l’eau et à la propreté.

Le groupe privé a d’ailleurs souligné jeudi, dans un communiqué, la “pertinence” de sa stratégie qui consiste en “un développement simultané et durable de ses métiers de l’énergie et de l’environnement”.

Pour le PDG du groupe, Gérard Mestrallet, la question n’est pas négociable. “L’environnement fait partie du périmètre de Suez et le périmètre du groupe est une question de principe”, a-t-il dit.

Le pôle environnement de Suez suscite déjà des convoitises. Le PDG du groupe Veolia Environnement, Henri Proglio, proche de M. Sarkozy, a réaffirmé jeudi qu’il était intéressé par ces activités. EDF serait aussi intéressé par des actifs cédés par Suez.

En revanche, M. Mestrallet a déclaré que la discussion avec l’Etat restait “ouverte” sur les “modalités techniques, financières” du projet.

Le rapprochement bute sur une différence de valorisation entre les deux groupes, qui s’est accentuée depuis le lancement du projet de fusion en février 2006. Suez valait jeudi plus de 52 milliards d’euros, et GDF plus de 34 milliards.

Le projet initial prévoyait l’échange d’une action Suez contre une action GDF, plus le versement d’un dividende exceptionnel d’un euro aux actionnaires de Suez.

Or l’action Suez vaut désormais environ 5 euros plus cher que celle de GDF. Cet écart risque de dissuader les actionnaires de Suez de soutenir l’opération.

Les analystes d’Oddo Securities estimaient mercredi que la vente de la branche Environnement et de la filiale de Suez Distrigaz pourrait changer les parités à environ 3 actions GDF pour 2 Suez.

Si Suez refuse de maigrir, l’autre solution consisterait à faire grossir Gaz de France.

A cet égard M. Mestrallet aurait fait une autre proposition à M. Sarkozy, selon le Financial Times mardi, qui consisterait à “transférer les actions Suez détenues par l’Etat à GDF”.

L’Etat détient indirectement 6,6% de Suez, à travers la Caisse des Dépôts (2,8%), Areva (2,2%) et CNP Assurances (1,6%), soit environ 3,3 milliards d’euros de capitalisation boursière.

Rapporté au nombre d’actions GDF, ces 3,3 milliards représenteraient 3,30 euros supplémentaires par action GDF, calculent les analystes de CM-CIC.

Ces nouveaux développements ont dopé les titres des deux groupes. L’action Suez grimpait de 5,06% à 40,90 euros vers 17H00 (15H00 GMT) à la Bourse de Paris, tandis que celle de GDF progressait de 2,05% à 34,79%.

Il reste désormais un mois à Suez et à l’Elysée pour trouver un accord qui permette ce mariage, auxquels les deux groupes croient toujours.

GDF et Suez ont ainsi écrit à la Commission européenne pour lui demander un nouveau délai sur les conditions que Bruxelles avaient imposées à leur éventuelle fusion, a rapporté jeudi M. Mestrallet.

Les deux groupes sont cependant prêts à poursuivre seuls la route. La situation de Suez sera “excellente” avec ou sans fusion avec GDF, a affirmé M. Mestrallet. “Nous serons sans états d’âme et nous accélérerons notre développement”, a insisté mercredi son homologue chez GDF, Jean-François Cirelli.

 30/08/2007 16:03:44 – © 2007 AFP