L’un de nos lecteurs vient de nous faire part de son décontenancement
face à un paradoxe qu’il estime perdurer entre notre volonté réelle de
multiplier les compétences dans le domaine des technologies de l’information
et de la communication et notre inaptitude manifeste à créer une vraie
dynamique créative dans le secteurs des SSII; ces Sociétés de services et
d’ingénierie informatique qui sont naturellement les réceptacles les plus
féconds de nos diplômés de l’enseignement supérieur technologique.
La rentrée universitaire 2007-2008 marquera un intérêt accru pour les
spécialités TIC et le nombre de nos étudiants dans ce domaine qui passe à
45.000 en 2008 quand on prend en ligne de compte ceux qui se trouvent dans
les filières des technologies appliquées (comme l’ingénierie et les
technologies médicales).
Ce nombre représente 10% du total des étudiants et permet de mettre sur le
marché du travail une moyenne de 10.000 ingénieurs TIC par an et plus de
25.000 ingénieurs en 2012. Une augmentation qui répond à la résolution
nationale de faire des TIC un secteur stratégique au niveau de l’emploi et
des investissements.
Toutefois, faute de création de projets mobilisateurs et faute de marché
intérieur et faute de développer le fonctionnement des Pôles technologiques,
ce sont les pays du Golfe et l’Europe qui en profitent, en faisant appel à
ces ingénieurs qualifies dont la formation ne leur a rien coûté, et ce dans
le cadre de 2 stratégies, soit en créant de plus en plus de SSII off-shore,
en les basant en Tunisie, avec des salaires 5 fois inférieurs à l’Europe
(avec un modèle rappelant celui du textile de la loi 72) ou en leur offrant
des emplois surtout en Europe et en leur accordant même le droit de
nationalité dans le cadre d’une stratégie d’immigration sélective.
Faute d’une stratégie nationale de création de SSII tunisiennes, c’est comme
si notre pays était en train de former pour l’Europe et le Moyen-Orient et
de se départir de compétences formées à grands sacrifices.
Il est frappant que les grands investisseurs de l’industrie et les grands
groupes en Tunisie aient faiblement investi dans la création de SSII et il
est regrettable de constater qu’aujourd’hui il n’existe aucune entreprise
cotée en Bourse appartenant au secteur TIC.
Il faut dire que la rareté des projets et des budgets, l’annulation des
projets mobilisateurs et leur retardement, la logique du moins-disant… sont
des facteurs répulsifs pour investir dans l’économie de l’intelligence, et
les investisseurs continuent à préférer bâtir des hôtels ou des immeubles
plutôt que de créer des SSII.
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