[31/08/2007 07:00:09] PARIS (AFP) Le nombre de chômeurs a très faiblement baissé en juillet et le taux de chômage est resté stable à 8%, alors que la pertinence des chiffres officiels reste incertaine, voire contestée, dans l’attente des résultats de travaux sur le calcul du chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1, baromètre officiel mesurant seulement les personnes immédiatement disponibles, en quête d’un CDI à temps plein et ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois, a reculé de 0,2% sur un mois et de 9,7% sur un an, à 1.958.800 personnes. Alors que Nicolas Sarkozy vise un retour au plein emploi en cinq ans (environ 5% de chômage), le taux au sens du Bureau international du travail (BIT), calculé différemment et seule base des comparaisons internationales, est resté stable à 8% de la population active (-0,9 point sur un an).
La ministre de l’Emploi Christine Lagarde s’est réjouie que les chiffres “suivent le même mouvement de décrue: le chiffre est un peu moins bon que sur les mois précédents mais la tendance est directionnellement la même”. Mais “la série mensuelle du chômage au sens du BIT publiée par l’Insee reste provisoire”, a averti jeudi le ministère. La révision complète des statistiques, habituellement effectuée en mars par l’Insee via son enquête Emploi, a été repoussée à l’automne en raison d’incertitudes techniques. D’ailleurs, si l’Insee a pronostiqué une baisse du chômage en 2007, elle ne s’est pas risquée dans sa note de conjoncture de juin, contrairement à l’habitude, à en évaluer l’ampleur. Elle a même constaté que l’écart avec les données fournies par l’ANPE s’était creusé au premier trimestre. De son côté, l’Unedic (assurance chômage) table sur un taux de chômage à 8%, mais pour la fin de l’année 2007. Autre élément renforçant la confusion, l’office européen des statistiques Eurostat publie chaque mois sa propre estimation du taux de chômage au sens du BIT, à partir d’une définition harmonisée au niveau européen et d’une méthodologie différente. Bien plus élevée que le chiffre officiel français depuis plusieurs mois, cette estimation, fondée en partie sur les résultats non labellisés de l’enquête Emploi, est aussi provisoire. La polémique sur les chiffres du chômage a été relancée mercredi par le collectif d’associations, de syndicats et de statisticiens Les Autres Chiffres du Chômage (ACDC), selon lequel le taux actuel est “dénué de signification” car “pas conforme à la méthodologie habituelle”. Le taux de chômage “se situe au moins un point au-dessus des proclamations gouvernementales”, estime ACDC, qui juge “urgent de créer des indicateurs crédibles et pertinents”. Pour tirer au clair la fiabilité de la mesure du chômage, le gouvernement a commandé en juin un rapport à l’Inspection générale des finances et à l’Inspection générale des affaires sociales, dont les conclusions seront connues “prochainement”, selon Bercy. Reste qu’au-delà des incertitudes statistiques, la baisse du chômage en France semble compromise par le tassement récent de la croissance et des créations d’emplois salariés, sur fond de crise financière mondiale. “La baisse du chômage pourrait donc nettement freiner à l’horizon 2008, malgré des évolutions démographiques favorables”, a estimé jeudi Mathieu Kaiser, économiste à BNP Paribas. |
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