[31/08/2007 08:25:39] JOHANNESBURG (AFP) Carences du réseau électrique, transports inefficaces et bureaucratie pesante entravent l’industrie en Afrique du Sud et freinent la croissance, moteur de la lutte contre le chômage massif et la pauvreté. Au deuxième trimestre, l’expansion de la première économie du continent a ralenti à 4,5% en rythme annuel contre 4,7% le trimestre précédent. En 2006, la croissance s’était élevée à 5%. Un essoufflement de mauvais augure, alors que le gouvernement table sur une croissance annuelle d’au moins 5% sur les trois années à venir. Le but officiel: atteindre 6% à partir de 2010 pour pouvoir réduire le chômage massif et la pauvreté. Autre mauvaise nouvelle, l’inflation a atteint en juillet son plus haut niveau depuis 2003, à 7%. De quoi alimenter les spéculations sur un nouveau relèvement du coût d’un crédit déjà élevé, frein supplémentaire à l’expansion. Dans l’industrie, c’est une halte brutale: le secteur n’a crû que de 0,5% au deuxième trimestre, après des hausses de 4,75% et 8,25% les trimestres précédents. Le secteur minier, traditionnel moteur de l’économie sud-africaine, a même régressé de 0,5%. La demande reste vigoureuse mais le pays a besoin d’améliorer ses infrastructures, notamment électriques, et d’alléger sa bureaucratie pour que l’industrie puisse y répondre, explique Razia Khan, directrice de la recherche pour la zone Afrique à la Standard Chartered Bank à Londres. Le gouvernement “doit vraiment faire des efforts pour améliorer l’offre”, par exemple en modernisant les mines et les usines, explique-t-elle. Pour Denis Dykes, directeur de recherche économique de la banque sud-africaine Nedbank, “il y a des problèmes liés aux capacités de transport ou de fourniture d’électricité”. Il tempère toutefois, estimant que “les nombreux investissements qui y sont consacrés” devraient y remédier à court terme. Les entreprises sud-africaines ont été confrontées ces derniers mois à de nombreuses coupures de courant qui ont une nouvelle fois démontré les faiblesses du système de production de l’opérateur national Eskom. Elles se plaignent aussi du coût élevé des télécommunications et de l’accès à l’internet. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mandisi Mpahlwa, a reconnu mercredi que “la modernisation des transports publics était une nécessité vitale pour la croissance économique”. Malgré ces difficultés, “l’objectif de 6% de croissance annuelle d’ici 2010 est toujours absolument atteignable” estime Razia Khan. Pour Denis Dykes toutefois, “la croissance naturelle de l’économie est plus probablement proche de 4,5% par an”. “Les perspectives pour l’emploi sont très sombres”, lance Patrick Craven, le porte-parole de la puissante centrale syndicale Cosatu. “Le pays est en deçà de ce qu’il aurait dû faire” pour atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté et du chômage qu’il s’est fixé, selon lui. Le taux de chômage est d’environ 25%, selon le gouvernement, mais les syndicats l’estiment plus proche de 40%. Moins d’un Sud-Africain sur deux en âge de travailler a un emploi. Selon Jackie Kelly, spécialiste du marché du travail, le ralentissement de l’activité industrielle est une mauvaise nouvelle pour l’emploi. “Il n’y a plus de créations d’emploi non-qualifiés, car l’industrie lourde est en déclin”. Et même si les services se développent, notamment dans le tourisme ou les centres d’appels, “on manque de main-d’oeuvre qualifiée pour y travailler”, remarque-t-elle. |
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