[31/08/2007 10:08:01] HARARE (AFP) Le président zimbabwéen Robert Mugabe a interdit vendredi toute hausse de salaire sans autorisation de l’Etat dans le but de ralentir l’hyperinflation qui dépasse 7.600% dans son pays, suscitant le scepticisme d’économistes. Le quotidien d’Etat, The Herald, voix officielle du régime, précise que les loyers, les frais d’inscription dans les écoles et les prix des services publics sont également gelés. Ces mesures, prises dans le cadre d’une loi sur les pouvoirs du chef de l’Etat, prendront fin dans six mois à moins que le Parlement ne décide de les entériner d’ici là. “Personne dans les services public et privé ne peut augmenter les salaires, les loyers, le prix des services et les frais de scolarité sur la base de la hausse réelle ou prévue de l’indice des prix à la consommation, des taux de change ou de la valeur ajoutée”, écrit le Herald. Toute augmentation devra recevoir l’approbation de la Commission nationale des prix et des revenus, un organe contrôlé par le président Mugabe, et ne pourra en aucun cas être liée à l’inflation. “L’effet net sera de faire baisser l’inflation parce que les augmentations seront inférieures au taux d’inflation”, selon le quotidien. “Ceux qui violeront les règles définies par la Commission et augmenteront les salaires et les prix pourront recevoir des amendes (…), des peines de prison allant jusqu’à six mois, ou les deux à la fois”. Ces mesures interviennent deux mois après le gel des prix des biens de consommation, qui s’était traduites par l’arrestation de milliers de commerçants rétifs à mettre en oeuvre ce contrôle des prix. Elles ont été accueillies avec sarcasme par l’économiste indépendant John Robertson, basé à Harare. “Je me demande quand ils vont essayer de renverser les lois de la gravité”, a-t-il déclaré à l’AFP. “Ca ne marche pas comme ça”. Selon lui, l’Etat a gelé les salaires parce qu’il est incapable de faire face aux demandes de hausse de salaires “de nombreux soldats et enseignants”. “Le gouvernement est ruiné à cause du gel des prix des biens, qui a entraîné un effondrement de ses ressources (…) il dissimule ses intentions en prétendant protéger l’économie”. Thomas Mwsiti, économiste à l’institut 4Cast research, estime également que la mesure “n’a aucun sens”. “Comment pouvez-vous tout geler pendant six mois ?”, interroge-t-il concluant qu’il s’agit d’un “non-événement” parce qu’elle a peu de chances d’être “mise en oeuvre”. “Ce que le gouvernement devrait faire, c’est s’intéresser à l’approvisionnement, conseille-t-il. Oui, les prix vont se bloquer, mais c’est parce qu’il n’y a rien à vendre sur les marchés officiels”. En juin, le gel des prix visait à mettre un terme à la valse des étiquettes, que les commerçants réévaluaient alors plusieurs fois par jour. Mais il a eu pour effet de vider les magasins, plusieurs usines incapables de faire face à leurs coûts ayant décidé de stopper leur production. Les produits de base comme le sel, l’huile ou l’essence se sont raréfiés, aggravant les conditions de vie d’une population déjà touchée par un chômage de l’ordre de 80%. Le président Mugabe, au pouvoir depuis 1980, accuse les pays occidentaux des maux de son économie, en raison des sanctions ciblées imposées aux membres de son régime après sa réélection controversée de 2002. |
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