Les images satellites de la Banque mondiale fournissent des
éclaircissements sur la pollution due aux gaz torchés
À une distance de plus de 650 km dans l’espace, la Banque mondiale analyse
la véritable portée du flambage à la torche de gaz, l’un des problèmes
environnementaux les plus graves de notre planète.
Ce problème ne date pas d’hier. Le flambage à la torche de gaz, un
sous-produit de la production pétrolière responsable de l’émission dans
l’atmosphère d’environ 400 millions de tonnes de gaz à effet de serre, se
pratique depuis des dizaines d’années. Toutefois, de nouvelles images
satellites financées par le Partenariat public-privé pour la réduction
mondiale des gaz torchés (GGFR) de la Banque mondiale montrent que certains
pays brûlent une plus grande quantité de gaz qu’ils ne veulent bien
l’avouer.
Ces images ont permis de déterminer quelles sont les 20 premières nations
émettrices de gaz torchés par rapport aux statistiques officielles datant de
2004. La Russie est maintenant en première position, devant le Nigeria, et
de nouveaux pays figurent maintenant sur la liste, d’après ce qu’ont détecté
les satellites lors de leurs 14 tours du monde quotidiens, notamment la
Chine, l’Oman, l’Ouzbékistan, la Malaisie, l’Égypte et l’Arabie saoudite.
La Banque mondiale et l’Administration nationale océanique et atmosphérique
des États-Unis (NOAA) ont collaboré pour produire ces images satellites de
haute précision.
« La réduction du flambage à la torche de gaz contribue de manière concrète
et pertinente à la réduction du changement climatique et facilite la
transition vers une économie à faible production de carbone », déclare Somit
Varma, directeur de la division pétrole, gaz, minerais et produits chimiques
de la Banque mondiale et de la SFI. « Les entreprises et les pays
producteurs de pétrole doivent intensifier leurs efforts afin de réduire le
flambage à la torche de gaz. »
Pour mieux comprendre quels pays émettaient moins de gaz torchés et quels
pays en émettaient plus, les scientifiques de la NOAA ont examiné des images
satellites prises entre 1995 et 2006. Ils ont ensuite créé des images
composites périodiques, identifiées au moyen de couleurs, qui donnent un
nouvel aperçu des 20 premiers pays émetteurs de gaz torchés.
D’après les estimations, qui ont été réalisées sur la base de 60 pays ou
régions, au cours des 12 dernières années, la quantité de gaz torchés émis
dans le monde entier est restée globalement stable, entre 150 et 170
milliards de mètres cubes.
Comme la majorité des gaz torchés sont produits en dehors des zones
urbaines, les scientifiques de la NOAA ont pu déterminer les emplacements
des torchères et convertir leur intensité lumineuse en quantités mesurables
de pollution, résultant principalement de l’émission de dioxyde de carbone.
Pour établir des corrélations précises, seules les photos prises de nuit,
par ciel sans nuage ont été analysées.
« Le flambage à la torche de gaz nuit à l’environnement et gaspille une
source d’énergie plus propre, pouvant générer l’électricité dont les pays
pauvres ont grand besoin », déclarait Bent Svensson, directeur du
partenariat GGFR de la Banque mondiale. « Les chiffres avancés dans le cadre
de cette étude ont fourni des informations supplémentaires utiles, mais
l’imagerie satellite a ses limites et incertitudes que nous essayons de
réduire, avec l’aide des scientifiques. »
Les sources d’erreurs et d’incertitudes incluent notamment les variations
d’efficacité du torchage, l’identification erronée de torchères,
l’échantillonnage non continu et les effets sur l’environnement tels que la
fonte des neiges.
Le Nigeria réduit progressivement sa production de gaz torchés
Le Nigeria, qui pendant des années était le premier émetteur de gaz torchés,
a progressivement réduit son impact avec l’aide du GGFR. Ce partenariat a
permis de mettre sur pied le projet de réduction du torchage « Kwale » dans
ce pays d’Afrique de l’Ouest, le premier et plus important d’Afrique à
participer au Mécanisme pour un Développement propre (a) du Protocole de
Kyoto. Cela signifie que le projet permet d’obtenir des crédits de
réductions de carbone, qui diminuent le coût de la réduction du torchage et
encourage ainsi les pays producteurs de pétrole et les sociétés pétrolières
partenaires à investir dans l’infrastructure nécessaire pour stopper la
production de gaz torchés.
Les images satellites montrent la réduction des émissions de gaz torchés au
Nigeria. L’année 2006 apparaît en rouge, 2000 en vert et 1992 en bleu.
Cliquez pourr aggrandir (a)
La réduction du torchage peut s’avérer coûteuse. Ces dernières années
cependant, de nouveaux efforts ont permis de diminuer l’émission de gaz
torchés, notamment la réinjection du gaz naturel dans le sol pour stimuler
la production de pétrole, sa liquéfaction pour pouvoir l’expédier vers les
marchés internationaux, son transport vers les marchés par le biais
d’oléoducs ou son utilisation sur site pour produire de l’électricité ou
pour être distribué aux communautés voisines.
Toutefois, étant donné le prix élevé du pétrole actuellement, les projets de
développement pétroliers sont prioritaires sur la liste des projets
d’investissement financier des pays producteurs. Les crédits de carbone
visent à encourager ces pays à lancer des projets de réduction du torchage.
« S’ils réalisent un profit de 30 % sur la production pétrolière et
seulement 10 % sur le gaz naturel après déduction des coûts
d’infrastructure, il est facile de deviner ce qu’ils feront », déclarait M.
Svensson. « Il faut donc compenser les pertes. » Les crédits de carbone
permettent d’équilibrer les profits.
«Nous établissons un dialogue entre les pays et les entreprises»
Le partenariat du GGFR rassemble maintenant 14 nations productrices de
pétrole, y compris le Nigeria mais pas la Russie, qui sont responsables
d’environ 70 % des émissions de gaz torchés dans le monde. Le Gabon, le
voisin ouest-africain du Nigeria dans ce Golfe de Guinée riche en pétrole,
deviendra officiellement le plus récent partenaire du GGFR au cours des
prochaines semaines. Ce partenariat inclut également 10 majors pétrolières.
« Nous ne disposons pas des fonds pour investir dans des projets, mais nous
catalysons les investissements », déclarait M. Svensson. « Nous établissons
un dialogue entre les pays et les entreprises afin qu’ils collaborent et
réduisent les obstacles à la diminution des gaz torchés. »
Plus particulièrement dans les pays développés, les obstacles incluent : le
manque de cadres réglementaires efficaces et d’un accès au financement, une
infrastructure insuffisante et un accès limité aux marchés locaux et
internationaux de l’énergie.
Le GGFR a lancé des projets de réduction du torchage dans huit pays, et la
majorité des partenaires du GGFR ont approuvé une norme mondiale pour la
réduction des gaz torchés. Le partenariat offre son assistance à l’Algérie,
au Cameroun, à la Guinée équatoriale, au Kazakhstan, au Nigeria et au Qatar
afin de leur permettre d’atteindre un niveau d’émission nul ou minime d’ici
certaines dates butoirs.
L’ensemble des projets actuels du GGFR devrait permettre d’éliminer près de
32 millions de tonnes de gaz à effet de serre d’ici 2012.
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