[01/09/2007 06:28:28] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI), lui-même souvent critiqué, va devoir choisir son futur directeur général parmi deux candidats, un Français et un Tchèque, dont aucun ne fait l’unanimité. Le français Dominique Strauss-Kahn, en campagne en Amérique Latine, a assuré vendredi à La Paz avoir reçu le soutien du gouvernement bolivien. “Je veux remercier la Bolivie de l’appui qu’elle apporte à ma candidature” a déclaré vendredi soir l’ancien ministre français à la suite d’une réunion avec le vice-président Alvaro Garcia Linera au palais présidentiel. Au Chili M Strauss Kahn a été reçu jeudi au palais de la Moneda par la présidente chilienne Mme Michelle Bachelet. “M Strauss Kahn réunit toutes les conditions nécessaires pour remplir la fonction de directeur du FMI et le gouvernement chilien apprécie sa candidature”, avait indiqué ensuite un communiqué du ministère des finances. Jusqu’au 22 août, le Français Dominique Strauss-Kahn, figure de poids du parti socialiste français et ancien ministre des Finances, était seul en lice. Fort du soutien de l’Union européenne, il était assuré de remplacer l’Espagnol Rodrigo Rato à la tête de l’institution. Les Européens choisissent traditionnellement, parmi les leurs, le chef du FMI et les Etats-Unis celui de la Banque mondiale. Mais la Russie a décidé de jouer les trouble-fêtes en nommant la semaine dernière son propre candidat, un ancien banquier central et ex-membre du parti communiste, le Tchèque Josef Tosovsky. Le FMI a indiqué vendredi soir que les deux hommes étaient les seuls candidats, à l’expiration du délai imparti au dépôt de candidature. “Le conseil d’administration prévoit d’interviewer les candidats à Washington dans le mois qui vient (septembre), et prévoit de se rencontrer par la suite pour discuter des points forts des candidats et faire une sélection”, selon un communiqué du Fonds.
Le Fonds précise que les candidats seront choisi sur “la base de leur expérience professionnelle et de leurs compétences”. Si M. Strauss-Kahn est jusqu’ici resté sobre, la Russie elle est déjà passée à l’attaque. Le 25 août, le directeur exécutif du Fonds monétaire international pour la Russie, Alexei Mojine, a mis en doute les compétences de l’ancien ministre dans un entretien au quotidien Financial Times. “Il n’y a rien dans le CV de M. Strauss-Kahn qui montre clairement qu’il a les qualités techniques pour accomplir le travail”, a lancé M. Mojine. Le journal est revenu à la charge mardi dans un éditorial au ton sévère. “Le Fonds a besoin d’une personne intellectuellement crédible à sa tête. Mais personne ne peut soutenir que M. Strauss-Kahn est le candidat le plus qualifié dans le monde de par son expérience, son intelligence ou sa formation”, pouvait-on lire dans le quotidien. Et d’enfoncer le clou: “Il est le mauvais candidat, choisi de la mauvaise façon”. De fait, la méthode de sélection choque de plus en plus dans les pays émergents. Ils veulent avoir voix au chapitre après avoir été écartés du processus de sélection depuis la création de la Banque mondiale et du FMI. “Il y a des réformes profondes à apporter au sein de ces institutions et, bien sûr, en finir définitivement avec cette règle qui décide que tel poste est conservé par tel pays ou telle région parce que cela ne reflète pas l’état des forces aujourd’hui dans le monde”, a déclaré Alpha Omar Konaré, le président de la Commission de l’Union africaine. Une position prise par de nombreux autres pays émergents et par la Russie. Les assurances de Jean-Claude Juncker, actuel président du groupe des grands argentiers de la zone euro, ne suffiront sans doute pas à calmer les revendications. “Tout le monde est conscient que Strauss-Kahn sera certainement le dernier Européen à devenir directeur du FMI dans un futur prévisible”, a-t-il déclaré mercredi au quotidien FT Deutschland. La polémique ne fait pas l’affaire du FMI, alors que les réformes entreprises par Rodrigo Rato tardent à se concrétiser et que de plus en plus de pays décident de se passer de l’aide du Fonds, dont les prescriptions ont laissé un goût amer en Asie mais surtout en Amérique latine. Les Etats-Unis, son plus important contributeur, n’ont pas pris position publiquement mais ont qualifié M. Strauss-Kahn de “candidat solide”. |
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