A
l’occasion du lancement du concours international du meilleur plan
d’affaires technologique, co-organisé par la Fondation arabe des sciences et
des technologies et Intel Corporation, nous avons voulu en savoir plus sur
les tenants et les aboutissements de ce concours et sa portée pour les
entrepreneurs, chercheurs, universitaires et autres étudiants tunisiens. M.
Alaya BETTAIEB, le coordinateur des actions de la Fondation pour le Maghreb,
nous en explique les enjeux…
Pourriez-vous nous parler en quelques mots de la Fondation arabe des
sciences et des technologies ?
La Fondation Arabe des Sciences et des Technologies, ASTF, basée à Sharjah
aux Emirats arabes unis (EAU), a été fondée en 2000 par 400 hommes et femmes
de sciences, soucieux de l’importance du développement technologique dans le
monde arabe, et conscients du rôle de pont qu’ils devraient jouer entre le
milieu académique et universitaire dans la généralisation de la technologie
et celui de l’industrie et des affaires dans son utilisation. En fait, notre
philosophie c’est : une recherche commercialisable qui permet de générer du
cash, et un cash qui permet à son tour de développer davantage la recherche.
ASTF travaille en étroite collaboration avec les chercheurs/inventeurs et
entrepreneurs technologiques, d’une part, et les investisseurs cherchant la
haute rentabilité dans les projets à haut risque en l’occurrence les projets
innovants et à haute valeur ajoutée technologique, d’autre part. C’est une
situation gagnant/gagnant et pour ces entrepreneurs innovateurs et les
investisseurs, amorcée par ASTF qui joue ici le rôle de catalyseur.
Ce genre de médiation se fait à travers un réseau qui compte aujourd’hui
plus de 3.000 chercheurs et investisseurs arabes. Il se fait aussi à travers
des rencontres entre chercheurs débattant des thèmes d’importance
stratégique pour le monde arabe, des face-à-face entre entrepreneurs et
investisseurs, et des forums annuels de très hauts niveaux chaque année dans
un pays arabe, qui regroupent chercheurs, inventeurs, investisseurs
institutionnels et business angels, beaucoup de capital-risqueurs, des
intéressés du monde académique et du monde des affaires, des sponsors, des
médias, etc. Durant ces forums, on annonce généralement le résultat de
concours pan-arabes du meilleur techno entrepreneurs, de concours de la
meilleure technologie pour le monde arabe, du concours du meilleur plan
d’affaires technologique, etc.
L’objectif ultime de tous ces efforts c’est de renforcer les liens et bâtir
la confiance entre nos chercheurs arabes et nos investisseurs et de
développer la capacité technologique du monde arabe à travers le
développement d’une bonne base industrielle et technologique, seule à même
de pérenniser sa compétitivité à l’échelle mondiale.
Quels sont les enjeux du Concours du ‘’Meilleur plan d’affaires
technologique’’ pour les Tunisiens ?
C’est un concours qui a démarré en 2006. En fait, en évaluant l’impact de
notre action, nous avons senti le besoin de stimuler le flux des projets
technologiques pour les investisseurs qui assistaient, massivement au
départ, pour identifier les oiseaux rares de la technologie. C’était
effectivement rare de voir défiler de bons projets devant les investisseurs
capital-risqueur dans la majorité des cas. Il y a beaucoup de bonnes idées,
mais celles qui répondent à un besoin réel du marché sont rares, celles qui
émanent d’une demande de l’industrie sont difficiles à trouver.
Toutefois, il y a eu réellement quelques cas de succès important, je cite
ici le cas d’un jeune inventeur libyen qui a inventé un procédé ultrarapide
d’analyse du groupe sanguin crucial pour les accidentés de la route
particulièrement ; je cite aussi le cas d’un chercheur des Emirats qui a
élaboré une technique et un logiciel de lecture des électro-cardiogrammes
permettant aux médecins d’identifier toutes anomalies dans les fonctions du
cœur d’un bébé avant sa naissance ; il y a également la découverte à Abou
Dhabi des principes actifs d’un antibiotique à base de lait de chamelle jugé
efficace pour certaines maladies graves (encore en développement) ; etc.
Pour la Tunisie, je commence par le cas de Dr. Naoufel Bouokkaz qui a eu le
prix national de la meilleure invention 2004. Il a participé avec son
circuit extracorporelle d’hémodialyse permettant la dialyse sans
l’utilisation d’anticoagulant, du fait que le procédé élimine tout les
caillots sanguins qui se forment dans la circulation extracorporelle, le
rinçage à haut débit, et la restitution sanguine de secours. Dr. Bouokkaz a
eu un prix de 50.000 $US pour son invention et un intérêt des grands
fabricants de partout à travers le monde. Je cite aussi le cas de Webgenetix,
équipe Karim Sekik et Jazim Hlioui qui a inventé une méthode de
développement de software pratiquement sans codage wow !!, génial tu
imagines, Intel Capital s’y est intéressée. Je cite aussi Sami Achour avec
ses soft intelligents en génie des procédés. Sami a été classé second techno
entrepreneur arabe en 2005, etc.
C’était suite à une alliance fort stratégique avec Intel Corporation qui,
elle, est déjà impliquée depuis plusieurs années avec UC Berkeley dans un
concours du meilleur plan d’affaires technologique d’envergure
internationale, que nous nous sommes décidé à ASTF de lancer un concours
similaire spécifique au monde arabe, avec l’espoir d’éveiller les esprits de
ceux qui peuvent apporter le plus, et de leur offrir une plateforme pour
trouver le financement approprié et surtout de rayonner à l’échelle
internationale.
Les concours de cette année sont prévus à Berkley California, les 13-15
novembre 2007, pour l’international, et à Amman les 12-13 décembre 2007 pour
le panarabe.
Les entrepreneurs déjà opérationnels, les universitaires, les chercheurs
ainsi que les étudiants, qui envisagent de lancer des start-up à très haute
valeur ajoutée technologique, pourront présenter leurs candidatures aux dits
concours, en envoyant par email et en langue anglaise un résumé de
leurs projets (2 à 3 pages max) à bpc@astf.net
et ce avant le lundi 10 septembre 2007. Une semaine après, i.e. le 17
septembre on annonce les 25 plans sélectionnés pour le panarabe et ceux d’IBTEC.
Les candidats devraient préparer leurs plans d’affaires et leurs
présentations avant le 1er octobre. Quinze du reste des 25 candidats
poursuivront entre le 15-18 octobre un cycle de formation au bureau de
l’ONUDI à Bahrain pour affiner leur plan d’affaires et leurs présentations.
Le 22 octobre re-soumission des plans d’affaires ajustés pour le concours.
Le 29 octobre, ASTF annoncera les 10 finalistes au concours panarabe. Le 11
novembre, l’équipe IBTEC partira à Berkeley. Un délai supplémentaire
jusqu’au 26 novembre sera accordé aux 10 finalistes du concours panarabe
pour l’envoi des plans d’affaires finaux et des présentations finales. Puis
le finish à Amman le 12 décembre prochain.(Pour plus de détails voir
fichier joint pdf).
Il faut dire ici qu’une bonne partie des bons projets émanent du milieu de
l’entreprise plutôt que celui universitaire. En effet, dans le système
actuel «publish or perish», le chercheur arabe et tunisien pense beaucoup
plus à publier, sa carrière et sa promotion dans la hiérarchie en dépendent,
plutôt que de concevoir et de breveter.
Le concours de l’année prochaine, nous allons nous y prendre beaucoup plus
tôt, avec une bonne campagne, au moins 6 mois à l’avance pour sélectionner
de bon candidats, et faire de la participation maghrébine un succès.
Il semblerait par ailleurs que vous soyez sur autre projet ayant trait à
l’innovation. On parle des ‘’jeudis de l’innovation’’. Pourquoi ?
C’est une idée qui m’est très cher, sur la quelle j’ai travaillé depuis 2
années. Elle va de paire avec les objectifs d’ASTF, bien que ce soit une
initiative personnelle. Les Jeudis de l’Innovation ou plutôt je préfère les
‘’Jeudis de la Technologie’’, sont des rencontres mensuelles animées par des
passionnés de la technologie, experts chacun dans son domaine, pour parler
des enjeux de la technologie pour notre monde arabe et africain, des
tendances, des transactions de transfert de technologie, des expertises qui
se développent avec l’évolution de la technologie, de la vitalité de la
valorisation des résultats de nos recherches, du lien université-entreprise
et son importance pour les deux pour le développement d’une technologie
utilisable, qui répond à un besoin réel…
L’objectif de cette initiative c’est de combler un vide dans le traitement
de ces sujets, d’éveiller les consciences des enjeux de développement et de
maîtrise de la technologie, dans le monde arabe et bien sûr en Tunisie. Nous
sommes au début de notre chemin qui sera long et semé de beaucoup de
contraintes pour aboutir à cet objectif. Nous comptons beaucoup sur les
bonnes volontés pour soutenir cette initiative et sponsoriser sa
concrétisation. Nous avons prévu fin septembre pour lancer la première
rencontre, le jeudi 27, j’espère que nous serons prêts au plus tard au mois
d’octobre, le jeudi 25. Nous comptons sur ceux et celles qui nous ont appuyé
et donné un accord de principe à soutenir une telle initiative bénévole et
nous espérons être à la hauteur de leurs attentes. Nous appelons tous ceux
qui veulent se joindre à nous de nous contacter au 98-263-800.