[03/09/2007 16:25:45] PARIS (AFP)
Les groupes énergétiques privé Suez et public Gaz de France vont finalement se marier, après un an et demi de rebondissements, pour constituer un nouveau poids lourd mondial de l’énergie, au terme d’âpres négociations sous la houlette de Nicolas Sarkozy . Les deux groupes ont officialisé lundi l’accord approuvé dimanche soir par leurs conseils d’administration. “Le schéma retenu n’est pas le schéma initial mais c’est un très bon schéma”, s’est félicité le patron de Suez, Gérard Mestrallet , qui sera aussi celui du nouveau groupe, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue de GDF, Jean-François Cirelli. Tous deux ont salué la “vision industrielle” de M. Sarkozy, “déterminante” dans l’aboutissement du projet, lancé en février 2006 par Dominique de Villepin pour empêcher un éventuel achat de Suez par l’italien Enel. La fusion débouchera sur la création d’un groupe baptisé ” GDF Suez “, probablement effective avant la mi-2008. L’opération entraîne de facto la privatisation du gazier mais l’Etat sera le premier actionnaire du nouvel ensemble avec 35,6% du capital, ce qui lui donne une minorité de blocage. Les actionnaires de Suez en détiendront 55%. Le nouvel accord prévoit que Suez se sépare, sans en perdre le contrôle, d’une partie de son pôle environnement (eau et déchets), et modifie la parité de fusion désormais fixée à une action Suez pour 0,9545 action GDF, contre une pour une auparavant. “Nous avons le contrôle, nous gardons la stratégie”, a assuré lundi le Premier ministre François Fillon. Répondant aux craintes d’associations de consommateurs, de syndicats et de la gauche, M. Cirelli, qui sera numéro deux du nouvel ensemble, a assuré que la fusion n’aurait “pas de répercussions sur les prix du gaz”, qui “resteront contrôlés par l’Etat”. Les deux PDG ont aussi promis que le rapprochement n’entraînerait “pas de suppressions d’emplois”. Le projet doit encore être approuvé par les actionnaires qui devraient voter oui. Les représentants des salariés seront également consultés et la Commission européenne devra confirmer son accord. M. Cirelli ne voit pas “ce qui pourrait interrompre ce projet”.
En valeur boursière, GDF Suez devient le quatrième groupe mondial d’énergie derrière le russe Gazprom, le français EDF et l’allemand EON, ainsi que le deuxième électricien en France derrière EDF. Cet accord est le fruit d’intenses négociations menées sous la pression de M. Sarkozy qui s’était pourtant rallié tardivement au projet parce qu’il impliquait de revenir sur sa promesse faite en 2004 de ne pas privatiser GDF. La présidence de la République a obtenu que les actionnaires de Suez ne reçoivent pas de dividende exceptionnel, comme prévu initialement, car le versement d’un milliard d’euros aurait été dur à assumer politiquement. En revanche, ils recevront 65% des titres du pôle Environnement lors de sa mise en Bourse. De son côté, M. Mestrallet, désireux de voir aboutir cette fusion a accepté ce schéma mais obtenu une minorité de blocage dans ce pôle et entend compter sur un pacte avec les principaux actionnaires de Suez, qui détiendront 12% de ce pôle, pour éviter à des prédateurs comme Veolia de mettre la main dessus. L’accord a suscité une vive réprobation de la gauche et des syndicats, y compris la CFDT, pourtant l’un des seuls syndicats favorable à un rapprochement. En Bourse, les investisseurs ont cependant sanctionné l’accord, des analystes dénonçant “un manque de clarté” sur les conditions de la scission de Suez Environnement. Le titre Suez a clôturé lundi en baisse de 3,31% à 40,58 euros et l’action GDF en recul de 2,69% à 35,81 euros dans un marché en baisse de 0,20%. |
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