GDF Suez : les associations de consommateurs inquiètes pour les factures

 
 
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Gerard Mestrallet (G) serrant la main de Jean-François Cirelli le 3 septembre 2007 à Paris (Photo : pierre verdy)

[03/09/2007 14:33:15] PARIS (AFP) La fusion GDF-Suez pourrait se traduire par une fin plus rapide que prévu des tarifs réglementés de gaz en France et une hausse des factures pour les consommateurs dans un contexte de concurrence affaiblie, craignaient lundi les associations de consommateurs.

Les deux groupes énergétiques Gaz de France et Suez ont annoncé lundi, après un an et demi de rebondissements, une nouvelle mouture de leur fusion qui va créer l’un des premiers groupes mondiaux du secteur, dans lequel l’Etat français détiendra plus de 35%.

“C’est paradoxal de fusionner des entreprises concurrentes entre elles, puisque cela signifie la suppression de la concurrence”, s’étonne Julien Dourgnon, directeur des études à l’association UFC-Que Choisir.

“Plus le nombre des opérateurs se réduit et moins il y a de concurrence, qui normalement a un effet positif pour le consommateur”, renchérit Reine-Claude Mader, présidente de l’association de consommateurs CLCV.

Cette fusion suscite également des interrogations sur la poursuite de la politique de réglementation des prix de l’énergie de la France, où les factures de gaz et d’électricité sont parmi les plus basses d’Europe, selon les associations.

Depuis l’ouverture du marché européen de l’énergie le 1er juillet, les ménages français peuvent choisir leur fournisseur d’électricité ou de gaz, en optant pour des offres à prix réglementés –délivrées uniquement par EDF et GDF– ou pour des offres à prix libres, proposées par les fournisseurs alternatifs mais aussi par EDF et GDF.

Fixés par les pouvoirs publics, les prix réglementés sont les plus bas en France, ce qui a poussé les associations de consommateurs à recommander aux 25 millions de clients particuliers d’EDF et aux 11 millions de clients de GDF de rester abonnés à ces fournisseurs publics.

Mais la situation pourrait changer, même si la ministre de l’Economie Christine Lagarde a affirmé dimanche que les tarifs continueraient “bien sûr” d’être régulés après la fusion GDF-Suez, qui aboutit à une privatisation de GDF.

Le PDG du groupe gazier public Jean-François Cirelli a également affirmé lundi que les “évolutions de Gaz de France n’auront pas de répercussions sur les prix du gaz. Les prix resteront contrôlés par l’Etat”.

Jean-Michel Rothmann, responsable du service économique et juridique de l’Institut de la consommation (60 millions de consommateurs), anticipe toutefois une fin de la réglementation des tarifs de gaz “plus rapide et non dans deux à trois ans comme prévu” initialement.

Indexés sur les cours du pétrole, les prix du gaz ont déjà augmenté de près de 40% au cours des trois années, à cause de la flambée du brut. Avec la fin de la réglementation, les prix devraient grimper encore plus vite, pour s’aligner sur le marché.

“Il n’y a rien de pire pour le consommateur que de voir se créer des oligopoles comme GDF-Suez dans un contexte de tarifs non réglementés. On fait une concurrence sans concurrent avec un risque d’abus de position dominante”, résume M. Dourgnon.

Point positif, GDF-Suez, premier groupe gazier européen, deviendrait un interlocuteur de poids face à des producteurs puissants, comme la Russie.

“Sur le plan économique, il est important que la France ait de gros opérateurs, qui pourront négocier les prix avec les producteurs”, se félicite Mme Mader.

Cependant, “si on veut créer un contrepoids à Gazprom, pourquoi ne pas fonder une centrale européenne d’achat qui regrouperait les distributeurs de gaz européens et qui rachèterait le gaz au géant gazier russe?”, suggère M. Dourgnon.

“Ce n’est pas en concentrant les entreprises qu’on règlera le problème de l’énergie en Europe”, conclut-il.

 03/09/2007 14:33:15 – © 2007 AFP