[04/09/2007 07:02:37] RENNES (AFP) La hausse des cours du lait depuis le début de l’année n’a profité que modérément aux éleveurs, touchés par la flambée des céréales et incapables d’augmenter rapidement leur production, soulignent des responsables de la filière. Pour la première fois depuis cinq ans, le prix du lait payé aux producteurs ne cesse d’augmenter en 2007 et la tendance s’accélère. Pour le quatrième trimestre, les professionnels tablent sur un bond d’au moins 8% par rapport à la même période de 2006, qui devrait être en partie répercuté au consommateur. “Il était temps que le prix au producteur s’améliore”, estime cependant André Souteyrat, chef du service veille, études et prospectives, à la Chambre d’agriculture de Bretagne, première région laitière de France. Selon lui, cette hausse ne fait que compenser la flambée des cours des céréales utilisées pour l’alimentation des bovins. “Seuls les élevages qui produisent eux-mêmes les aliments pour le bétail s’en sortent très bien”, dit-il. Mais la Bretagne, qui représente un cinquième de la collecte laitière française, près de la moitié de la production d’emmental et un tiers des poudres de lait, est largement déficitaire en céréales. “L’impact de la hausse du lait pour les agriculteurs est très, très limité”, affirme aussi Marcel Denieul, président de la section laitière à la FRSEA-Ouest, qui rappelle que la filière était en crise il y a seulement deux ans. Selon lui, malgré la hausse des cours, “des éleveurs se disent qu’il vaut mieux arrêter le lait et faire des céréales, plus rémunératrices, comme le blé ou le colza”. Les exploitants ne sont pas en mesure d’augmenter immédiatement leur production laitière pour profiter des tarifs plus favorables, explique-t-il. “Le cheptel a baissé de 2% par an depuis 2000. Or, il faut un délai d’environ deux ans pour obtenir de nouvelles vaches laitières. Aujourd’hui, les prix montent, mais dans deux ans ?” Il pointe aussi du doigt “les contraintes environnementales”. Pour M. Denieul, les seuils de pollution aux nitrates fixés par Bruxelles équivalent à la mise en place de “nouveaux quotas” pour les élevages. A Laval, au siège de Lactalis, deuxième groupe agroalimentaire français spécialisé dans les fromages et produits laitiers frais, on souligne l’incertitude sur l’évolution des prix à moyen terme. “On est sur une tendance de hausse jusqu’à mi-2008. Après, il faut être prudent”, explique Luc Morelon, directeur de la communication du groupe. “Il y a une augmentation de la demande de produits laitiers dans le monde. C’est une bonne chose pour les producteurs. On est capable de leur garantir des débouchés réguliers et significatifs”, avance-t-il. “Mais les marchés sont aussi de moins en moins stables, avec des hausses fortes et des baisses significatives. C’est une conséquence des réformes de la Politique agricole commune (PAC)”. “La grande idée de la Commission européenne est de supprimer les quotas pour rendre les agriculteurs capables de répondre aux signaux du marché”, explique Marcel Denieul. “Quand les cours baissent, on peut emmener les vaches à l’abattoir, mais à la hausse, on ne peut pas s’adapter !” Pour M. Souteyrat, “une régulation privée des marchés devra remplacer la PAC qu’on est en train de démanteler. Il faudra de nouveaux outils de gestion des risques, des assurances revenus pour les agriculteurs qui restent à construire”. |
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