Fusion GDF-Suez : Sarkozy veut peser sur les grands dossiers économiques

 
 
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Le président Nicolas Sarkozy à Jouy-en-Josas le 30 août 2007 (Photo : Stephane de Sakutin)

[04/09/2007 15:30:42] PARIS (AFP) L’intervention décisive du président Nicolas Sarkozy dans le projet de fusion GDF-Suez illustre sa volonté de peser dans les grands dossiers économiques du pays, conformément à sa vision d’un Etat à la politique industrielle forte.

A peine investi, le président Sarkozy s’était envolé pour Berlin afin de trouver une issue au délicat dossier de la gouvernance d’EADS.

Généralement décrit par ses détracteurs, autant que par ses admirateurs, comme un tenant du libéralisme en économie, le chef de l’Etat a également souvent insisté sur la nécessité pour l’Etat de défendre ses intérêts stratégiques. Et l’a mise en pratique à plusieurs reprises par le passé.

En 2004, le ministre de l’Economie Nicolas Sarkozy avait joué un rôle capital dans le sauvetage d’Alstom, entreprise en quasi faillite à l’époque, florissante aujourd’hui.

Il avait fallu racheter, sur fonds public, 22% du groupe industriel français, “pas par idéologie mais parce que personne ne voulait le faire”, avait souligné en juin le président Sarkozy.

Parmi les autres dossiers sur lesquels le locataire de Bercy avait fait la preuve de son interventionnisme: le rapprochement Sanofi-Aventis, la privatisation de France Télécom ou encore l’ouverture du capital d’EDF.

Pour certains économistes, la politique économique du chef de l’Etat correspondrait aux principes prônés par certains milieux industriels, persuadés qu’il ne faut pas abandonner les entreprises françaises au marché, la France n’en ayant pas la capacité financière.

“Il est fidèle à la tradition française colbertiste et gaulliste, que l’on voit resurgir face à la tentation libérale qu’essaie d’impulser l’Europe”, estime l’économiste Henri Sterdyniak, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Cette tradition veut que l’Etat vienne à la rescousse des champions de l’industrie française lorsque ceux-ci sont menacés par des capitaux étrangers.

“L’idée d’une politique industrielle ne me fait pas peur. Je ne laisserai pas notre industrie à la merci de tous les dumpings et de tous les spéculateurs”, a martelé une nouvelle fois le président Sarkozy jeudi dernier devant les patrons du Medef réunis à Jouy-en-Josas (Yvelines).

Cette ligne a parfois valu à Nicolas Sarkozy les critiques de certains partenaires européens. En 2004, son intervention en faveur d’Alstom, convoité par l’allemand Siemens, avait fait grincer des dents outre-Rhin, le gouvernement évoquant “son nationalisme industriel”.

La presse allemande fustigeait de la même façon mardi l’implication du président français dans la fusion entre GDF et Suez.

Entre libéralisme et interventionnisme, Nicolas Sarkozy refuse de trancher. “En économie, ma seule idéologie, c’est le pragmatisme”, revendique-t-il.

“Quand la concurrence est utile, je suis pour. Quand elle va à l’encontre d’une politique économique efficace, je veux que l’on se pose la question”, déclarait-il encore au Bourget en juin.

Loin de s’appliquer au seul domaine de la politique industrielle, la stratégie du chef de l’Etat se veut plus globale: d’une part “libérer” la croissance et le travail (commission Attali, volonté d’assouplir les 35 heures), de l’autre stimuler le pouvoir d’achat et la consommation (“paquet fiscal”).

Pour Henri Sterdyniak, c’est là toute “l’ambiguité du personnage”: “multiplier par trois le taux du crédit-impôt-recherche (CIR) n’a rien de libéral, le libéralisme en l’occurrence serait de dire aux entreprises souhaitant investir dans la recherche de le faire elles-mêmes”.

 04/09/2007 15:30:42 – © 2007 AFP