[04/09/2007 15:44:29] PARIS (AFP) Le groupe électrique EDF affrontera avec le nouvel ensemble GDF Suez un nouveau concurrent de taille, qui compliquera la fourniture du gaz et de l’électricité dans un marché de l’énergie désormais libéralisé. Suez et Gaz de France, une fois fusionnés, donneront naissance en France au deuxième producteur d’électricité et au premier fournisseur de gaz, et en Europe au premier acheteur et distributeur de gaz. Comme un symbole, le siège du futur groupe fusionné GDF Suez occupera d’anciens locaux d’EDF, dans le huitième arrondissement de Paris. En valeur boursière, EDF détient de loin la première place, avec plus de 131 milliards d’euros mardi, contre 85 milliards pour l’ensemble GDF Suez. Mais en chiffre d’affaires, GDF Suez serait devant EDF, avec 72 milliards d’euros, contre 59 milliards pour EDF. La concurrence avec EDF sera d’autant plus vive que les marchés de l’énergie en Europe sont totalement ouverts à la concurrence depuis le 1er juillet. EDF peut désormais vendre aux ménages du gaz à des prix libres, non fixés par l’Etat, tandis que GDF peut de son côté vendre de l’électricité. Pour l’électricité, Suez apportera à GDF les centrales nucléaires de Belgique et de l’électricité d’origine hydraulique avec la Compagnie nationale du Rhône. En échange, Suez “accèdera aux 11 millions de clients de Gaz de France, auprès desquels il apparaîtra plus crédible” après la fusion, soulignait mardi Colette Lewiner, du cabinet Cap Gemini. Dans ce domaine, la concurrence en France sera rude. “EDF représente 100.000 mégawatts d’électricité, contre environ 5.000” pour l’ensemble GDF Suez, soulignait un analyste sous couvert de l’anonymat.
Dans le gaz, la concurrence se jouera sur l’importation de cette énergie, car aucun des trois groupes Suez, EDF, ou GDF n’est véritablement producteur. EDF, qui a prévu un vaste plan d’investissements (20 milliards en France entre 2005 et 2010), veut aussi se développer dans le gaz naturel liquéfié, présenté comme une alternative au pétrole, car moins polluant. L’électricien projette ainsi la construction d’un terminal méthanier à Dunkerque (Nord) et entend avoir accès à des navires. GDF et Suez pour leur part auront ensemble en France trois terminaux méthaniers et plusieurs navires. Mais avant de devenir rivaux, EDF et le nouveau groupe pourraient dans le court terme trouver un terrain d’entente sur des activités que GDF Suez cédera pour satisfaire les exigences de la Commission européenne en terme de concurrence. Le futur PDG de la nouvelle entité et actuel PDG de Suez, Gérard Mestrallet, a redit lundi que sa filiale gazière belge Distrigaz serait cédée (et non vendue) à un repreneur en échange d’autres activités. Ce repreneur pourrait être EDF, estimaient mardi les analystes de la Société Générale, car EDF a “besoin de marquer son empreinte dans le gaz” en Europe, et pourrait offrir à GDF Suez “ce qu’il veut en France: plus de présence dans le nucléaire”. EDF a régulièrement exprimé son intérêt pour la Belgique en même temps que pour d’éventuels actifs de Suez. Dans l’immédiat, la concurrence est compliquée par le fait que les deux géants français de l’énergie GDF et EDF ont encore 46.000 salariés en commun, dans le pôle de services à l’énergie, “EDF-GDF distribution”. Ces agents, chargés de relever les compteurs ou de réparer le réseau, travaillent désormais pour tous les fournisseurs d’énergie arrivés sur le marché depuis le 1er juillet. La nouvelle fusion “ne changera rien” à ce pôle, assurait-on chez GDF mardi. |
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