L’Opep devrait choisir le statu quo pour évaluer l’impact des “subprimes”

 
 
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Conseil de l’Opep à Vienne le 11 septembre 2006 (Photo : Dieter Nagl)

[04/09/2007 16:30:34] PARIS (AFP) Les ministres du Pétrole de l’Opep ne devraient pas toucher à leurs quotas de production lors de leur réunion le 11 septembre à Vienne, alors que la crise des “subprimes” pourrait peser sur la croissance mondiale et donc sur la demande pétrolière.

“Il n’y a pas lieu d’augmenter la production d’autant qu’il y a un équilibre entre l’offre et la demande et que le marché ne souffre d’aucune pénurie”, a déclaré mardi le ministre qatari du Pétrole, Abdallah al-Attiyah, président de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

“Il faut être prudent avant de franchir un quelconque pas”, a-t-il ajouté, réitérant le message distillé par d’autres ministres membres du cartel ces derniers jours.

“Il n’y a pas beaucoup de suspense, ils vont annoncer un statu quo”, comme lors de la réunion de mars, affirme Frédéric Lasserre, analyste de la Société Générale. Un avis partagé par la grande majorité des experts.

M. Lasserre estime que l’Opep prévoyait d’augmenter sa production en septembre jusqu’à la crise des prêts hypothécaires à risque ou “subprimes” aux Etats-Unis, qui a fait plonger les marchés financiers au mois d’août, incitant le cartel à “repousser une quelconque annonce officielle”.

D’après les experts, l’Opep craint une redite du scénario de la crise asiatique de 1997-98: elle avait annoncé des augmentations de production pendant les prémices de cette crise, qui s’était rapidement transformée en récession économique entraînant un effondrement des prix.

Les 12 pays membres (Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Libye, Algérie, Nigeria, Irak, Iran, Angola, Indonésie, Venezuela, Koweït) ont en outre été échaudés par une violente chute des cours du brut fin 2006: ils étaient tombés de plus de 78 dollars le baril pendant l’été à moins de 50 dollars mi-janvier.

Les cours de l’or noir ont d’ailleurs pâti de la crise des “subprimes”: alors qu’ils progressaient fortement au début de l’été, inscrivant un record historique à 78,77 dollars le baril le 1er août, ils ont dévissé de 8 dollars pendant la semaine qui a suivi le début de la débâcle boursière.

“L’Opep pense qu’il est urgent d’attendre jusqu’à la réunion de décembre”, qui suivra celle de Vienne, résume Véra de Ladoucette, du Cambridge Energy Research Associates.

Le statu quo serait un revers pour les pays consommateurs qui, à travers l’Agence internationale de l’Energie (AIE), qui représente leurs intérêts énergétiques, réclament depuis des mois une augmentation de la production du cartel sous peine de voir les raffineries à court de brut à l’orée de l’hiver.

Le directeur de l’AIE Claude Mandil déplorait ainsi dans la presse la semaine dernière le fait que le cartel n’envisage pas d’augmenter ses quotas et se soit donné “un nouvel objectif implicite de prix” autour de 70 dollars le baril, ce pourrait selon lui “peser que la croissance économique mondiale”.

Mais, remarque Philippe Chalmin, professeur d’économie à Paris Dauphine et spécialiste des matières premières, “la zone des 70 dollars est désormais considérée comme supportable” pour l’économie des pays industrialisés.

D’autant plus que la fin de la saison cyclonique approche dans le Golfe du Mexique, que la situation géopolitique avec l’Iran reste stable, et que les banques centrales semblent prêtes à intervenir si la crise immobilière américaine se transmet à l’économie réelle. “Je ne vois pas de raisons aujourd’hui pour l’Opep de changer” ses quotas, conclut M. Chalmin.

 04/09/2007 16:30:34 – © 2007 AFP