Selon le rapport annuel de la Banque centrale 2006, les banques
tunisiennes ont poursuivi, au cours de cet exercice, leurs efforts pour
réduire «leurs créances improductives».
«La couverture des actifs classés (plus simplement créances douteuses) a
progressé de 2 points de pourcentage dépassant 48%», indique le rapport.
Le Fonds monétaire international estime ces créances à 5 milliards de
dinars, soit environ 20% des engagements bancaires.
«Cette évolution, note le rapport, confirme l’adhésion des banques au
programme tendant à porter le taux de couverture des actifs classés par les
provisions à 70% en 2009».
Conséquence : les fonds propres se sont ainsi consolidés de 258 MDT pour
atteindre 3,2 milliards de dinars, outre l’allocation de plus de 40% de leur
produit net bancaire pour la constitution des provisions.
S’agissant des indicateurs de qualité du portefeuille, le rapport relève que
«les banques ont enregistré, pour la deuxième année consécutive, une
évolution positive. D’ou une régression du volume des actifs classés
d’environ 100 MDT. La part de ces actifs dans le total des engagements est
revenue, par conséquent, à 19,3% contre 20,9% au terme de 2005».
Les objectifs nationaux visent à réduire la part des actifs classés dans les
engagements bancaires à 15% en 2009 et à 12% à l’horizon de 2011. L’enjeu de
ce trend baissier des créances douteuses est très important pour le
développement du pays. Car, des banques plombées par des créances douteuses
sont des banques frileuses et fragiles. Elles ont tendance à refuser,
généralement, de prendre des risques et de financer les projets.
Moralité : les créances accrochées génèrent des pertes qui ne vont pas créer
des revenus, diminuent la profitabilité des banques, augmentent le coût de
financement des entreprises et favorisent le resserrement du crédit.
Evoquant dans un de ses rapports cette problématique des créances douteuses,
le FMI relève que le secteur bancaire tunisien reste caractérisé par
l’importance «des créances improductives dans le total des encours de
crédits bancaires». Les graves difficultés qui ont affecté le secteur
touristique depuis 2001 ont contribué de façon significative à en alourdir
le stock. Malgré une forte baisse en 2005, le poids des créances classées
représente encore près de 20% du total des crédits.
Afin de faciliter l’apurement des créances classées, l’Etat tunisien a pris
ces dernières années une série de mesures. Elles ont porté à la fois sur les
conditions d’exécution des garanties immobilières, le régime fiscal des
provisions pour dépréciation sur créances compromises et des radiations et
la création de sociétés de recouvrement.
Concernant la mise en oeuvre des garanties, les cessions d’immeubles et de
biens ont été facilitées par la modification des procédures de ventes aux
enchères.
Sur le plan fiscal, les dispositions s’appliquant aux provisions et au
passage en pertes ont été assouplies. Ainsi, le pourcentage de déductibilité
des provisions pour dépréciation d’actifs a été relevé progressivement pour
atteindre 85% en 2004 et 100% en 2005.
Par ailleurs, les conditions de radiation des créances irrécouvrables ont
été améliorées, «même si elles restent encore trop strictes», remarque le
FMI.
Autre disposition prise par les établissements de crédit : toutes les
banques ont créé une société de recouvrement, à laquelle elles ont cédé
leurs créances improductives les plus anciennes, qui, sauf exception,
étaient totalement provisionnées.
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