Pétrole : le Kazakhstan veut le contrôle du gisement de Kashagan

 
 
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La ville d’Almaty au Kazhakstan (Photo : Wyacheslav Oseledko)

[06/09/2007 11:21:00] ASTANA, 6 sept 2007 (AFP) Le Kazakhstan a augmenté jeudi la pression sur les compagnies étrangères exploitant le gigantesque champ pétrolier offshore de Kashagan (ouest du pays), réclamant la co-direction des opérations et brandissant la menace dans le cas contraire d’un “plan B”.

La société d’hydrocarbures de l’Etat kazakh “Kazmounaïgaz doit devenir co-opérateur du projet” au côté de l’italien ENI, qui dirige le consortium international en charge du gisement, a déclaré le Premier ministre kazakh Karim Massimov lors d’une conférence énergétique à Astana.

“Nous considérons que l’équilibre économique (du projet) a été rompu au détriment du gouvernement kazakh (…) Pour l’instant des négociations amicales sont en cours. Si (le consortium) n’accepte pas les revendications du Kazakhstan, nous avons un plan B, dont je parlerai plus tard”, a-t-il ajouté.

Kashagan, situé au nord de la mer Caspienne, est décrit comme la plus importante découverte pétrolière depuis la fin des années 1960, et comme le plus grand gisement hors du Moyen-Orient, avec 13 milliards de barils de brut exploitables et 38 milliards de réserves géologiques.

M. Massimov s’est refusé à plus de précisions sur les revendications kazakhes, notamment sur la part supplémentaire que Kazmounaïgaz pourrait décrocher dans le consortium – dont il détient 8,33% – et sur les profits qui seront tirés de l’exploitation.

Le gouvernement kazakh avait indiqué cet été qu’il souhaitait voir la part kazakhe dans les profits pétroliers issus de Kashagan passer de 10% à 40%.

“Astana veut accroître ses intérêts (dans Kashagan), augmenter ses parts et ses profits pétroliers”, estime Konstantine Batounine, analyste à Moscou chez Alfa Bank.

Les principaux actionnaires du consortium sont ENI, le français Total, l’anglo-néerlandais Shell et l’américain ExxonMobil avec chacun 18,52%. Viennent ensuite l’américain ConocoPhillips avec 9,26%, le japonais Inpex et Kazmounaïgaz avec chacun 8,33%.

“Dans le pire des scénarios, ENI perd le rôle d’opérateur, et dans le meilleur des cas il devra réduire sa part (18,3%) dans le consortium (…) Kazmounaïgaz est devenu une entreprise très puissante et peut financièrement conduire le projet”, ajoute M. Batounine.

Le gouvernement kazakh a suspendu fin août pour trois mois les travaux sur le gisement de Kashagan, après avoir vertement critiqué ENI pour le retard dans la mise en oeuvre du projet et la hausse vertigineuse des coûts, qui seraient passés de 57 à 136 milliards de dollars.

ENI a reporté à plusieurs reprises le début de l’exploitation du gisement, initialemement prévu en 2005 et désormais programmé pour 2010, ce qui pourrait mettre en difficulté les autorités kazakhes, estiment également les experts.

“Tout le monde attend le pétrole de Kashagan. Tous les programmes sociaux du gouvernement, la construction d’écoles, d’hôpitaux en dépendent”, note Edouard Poletaïev, politologue à Almaty, la capitale économique kazakhe.

“Les autorités veulent augmenter leurs profits, mais elles ont aussi besoin de ce revenu (…) et veulent extraire le pétrole le plus rapidement possible”, poursuit-il.

Contacté par l’AFP, AGIP KCO, qui gère Kashagan au nom du consortium, a répété sa position exprimée plus tôt cette semaine, se disant “confiant que tous les problèmes seront considérés en accord avec l’accord de partage de production existant” et jugeant les pourparlers en cours “ouverts et constructifs”.

Les difficultés d’ENI au Kazakhstan ne sont pas sans rappeler les déboires fin 2006 de la compagnie anglo-néerlandaise Shell sur le gigantesque gisement pétrolier et gazier de Sakhaline-2 en Russie. Au terme de plusieurs mois de pressions, Shell avait finalement cédé le contrôle du consortium exploitant le site au géant russe Gazprom.

 06/09/2007 11:21:00 – © 2007 AFP