Les espions américains auront eux aussi un site de socialisation

 
 
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Une souris d’ordinateur (Photo : Robyn Beck)

[07/09/2007 09:20:07] NEW YORK (AFP) Les services secrets américains vont créer en décembre pour les agents de leurs 16 agences de renseignements un site web participatif, où ils pourront échanger des informations et communiquer, au-delà des traditionnelles barrières entre CIA, FBI ou NSA.

Lors d’un colloque à Chicago mercredi et jeudi, le Bureau du Directeur de l’intelligence nationale (ODNI), créé en 2004 pour coordonner les différentes agences, a présenté ce réseau baptisé “A-Space”, qui inclura notamment des bases de données et les archives de rapports.

“C’est un environnement virtuel qui va lier les 16 agences”, a expliqué à Chicago Mike Wertheimer, responsable des technologies d’analyse à l’ODNI, dans un discours transmis à l’AFP.

Un des aspects d’A-Space, souligne-t-il, sera d’offrir des outils de socialisation (“social networking”) pour que les analystes puissent entrer en contact avec leurs homologues d’autres agences, un peu sur le modèle des sites populaires d’échanges comme MySpace ou FaceBook.

C’est une nouvelle initiative du gouvernement pour mieux faire collaborer ses services de renseignements, très critiqués depuis les attentats de septembre 2001 pour leur cloisonnement et ne pas s’être échangés des avertissements de menaces terroristes. Des critiques resurgies tout récemment avec la parution d’un rapport accablant contre la CIA fin août.

A-Space disposera d’une messagerie Web et d’un programme pour coordonner les recherches, capable par exemple de conseiller à un analyste un document consulté par un autre, “comme les services d’Amazon” (le site de vente de livres qui donne des conseils aux lecteurs, ndlr), a ajouté M. Wertheimer.

Jusqu’ici, chaque agence de renseignements avait son propre site, avec des barrières techniques renforcées par leurs rivalités. Souvent, des experts dans deux différentes agences travaillent exactement sur le même sujet, sans le savoir ni souvent le droit de communiquer entre eux.

“A-Space va accroître la transparence, réduire les barrières, pour enfin exploiter ce potentiel”, a martelé Robert Cardillo, vice-directeur des analyses de la Defense Intelligence Agency.

A-Space pourra aussi détecter les requêtes atypiques, par exemple si un expert s’intéresse brusquement à un domaine qui n’est pas le sien.

L’ODNI a déjà fait une tentative plutôt réussie dans les outils de collaboration sur internet, en lançant l’an dernier Intellipedia.

Bâti sur le modèle de l’encyclopédie participative Wikipédia, Intellipedia est un site protégé où les espions, analystes, diplomates ou autres personnes accréditées peuvent librement publier ou actualiser des informations sur des régions, des personnes, etc. Il compte plus de 7.000 utilisateurs et plus de 60.000 pages, selon la Maison Blanche.

L’un des jeunes concepteurs d’A-Space, Sean Wohltman, 25 ans, a déclaré lors de la conférence à Chicago avoir été choqué lors de ses premiers jours à l’Agence d’intelligence géospatiale par le système informatique cantonné uniquement à son agence et plus obsolète que celui de son université.

Un signe selon lui que “l’Amérique s’était fait distancer dans un domaine où elle devait mener”.

Les dirigeants de l’ODNI disent d’ailleurs compter sur l’influence des jeunes générations — la moitié des analystes a moins de 5 ans d’ancienneté — pour populariser les services de socialisation en ligne.

“Des gens meurent aujourd’hui. Nous ne pouvons pas nous permettre le type d’erreurs que nous faisons à cause de la manière dont nous travaillons aujourd’hui”, a lancé M. Wertheimer.

 07/09/2007 09:20:07 – © 2007 AFP