L’industrie chinoise fait exploser les prix du transport maritime mondial

 
 
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Des dockers chargeant de la marchandise, le 10 juin 1998 à Shanghai (Photo : Zou Qing)

[07/09/2007 11:43:49] LONDRES (AFP) Les frets maritimes pour le transport de marchandises sèches alignent les records depuis plusieurs semaines, la flotte mondiale ne suffisant pas à absorber un trafic qui a connu une forte expansion avec l’industrialisation chinoise.

L’indice composite Baltic Dry Index (BDI), moyenne des prix pratiqués sur 24 routes mondiales de transport en vrac de matières sèches (minerais, charbon, métaux, céréales, etc.), a atteint jeudi 8.270 points, un niveau jamais observé depuis sa création en 1998. Les prix ont plus que doublé en un an.

Le Baltic Panamax Index (BPI), qui comporte sept routes, dont la plupart concernent les céréales, a également établi un nouveau record absolu jeudi, à 8.671 points, soit plus du double de son niveau il y a un an.

“La première raison de cette flambée des prix est tout simplement un problème de capacité de transport : la flotte mondiale n’est pas adaptée au volume du trafic maritime”, explique Lars Hansen, analyste chez l’agent maritime JE Hyde.

L’offre de navires disponibles s’étant réduite comme peau de chagrin, les importateurs sont prêts à payer le prix fort pour réserver un bateau, ce qui fait grimper les prix.

“Ce qui sous-tend cette hausse des prix est la voracité en matières premières de la Chine. Celle-ci importe d’énormes quantités de minerai de fer et de charbon pour produire l’acier nécessaire à son industrialisation”, précise Lars Hansen.

Sur un an, la production industrielle en Chine a progressé de 18%, selon les derniers chiffres du Bureau national des statistiques (BNS) chinois.

Une pénurie de blé dans plusieurs régions du monde a aussi contribué à doper le transport maritime. Après de petites récoltes en Ukraine et en Europe, la perspective d’une dégradation des cultures en Australie et en Argentine a entraîné une ruée des gros acheteurs de blé vers les fournisseurs américains. “Les Etats-Unis sont le seul endroit où l’on trouve du blé en ce moment. Cette situation a rallongé la route pour beaucoup de navires”, a expliqué Lars Hansen.

Enfin, la congestion des ports en Australie, un des principaux producteurs de charbon et minerai de fer et un gros fournisseur de l’Extrême-Orient, exacerbe les tensions sur l’offre de transport.

“Il y a tellement de navires attendant d’être chargés ou déchargés que le Japon et la Chine commencent à regarder ailleurs et à s’approvisionner au Brésil ou en Afrique du Sud, note Lars Hansen. “Ils craignent notamment que le ralentissement qui affecte le transport du charbon ne menace leur sécurité énergétique”.

Pour faire baisser leur facture, certains importateurs de céréales optent pour un transport par conteneurs, normalement réservé aux vêtements ou aux produits informatiques.

“Le transport par conteneur coûte environ 40 dollars la tonne, au lieu de 65 dollars la tonne sur un navire spécialisé dans le transport de matières sèches”, notait Lars Hansen. “Ce report vers les conteneurs n’est pas nouveau mais il s’accentue quand l’écart de prix se creuse”, a-t-il ajouté.

Les chantiers maritimes ne devraient pas chômer : la flotte mondiale de navires transportant des matières sèches va augmenter de 5,5% cette année, estime Sverre Svenning, analyste de l’agent Fearnleys. Mais cela ne devrait pas suffire à répondre aux besoins.

En attendant que la flotte mondiale s’ajuste à la demande, les propriétaires de navires ont de beaux jours devant eux : les prix du transport maritime de matières sèches devraient rester fermes, au moins jusqu’à la fin de l’année. “Nous ne prévoyons pas de fléchissement avant 2009”, s’est avancé Sverre Svenning.

 07/09/2007 11:43:49 – © 2007 AFP