[07/09/2007 15:28:44] WASHINGTON (AFP) Le marché du travail américain s’est contracté en août pour la première fois en quatre ans, renforçant les pressions sur la Réserve fédérale pour qu’elle baisse ses taux à la rescousse d’une économie de plus en plus vacillante. “La situation de l’emploi a pris un tour dramatique, qui enlève tout obstacle à un assouplissement de la politique de la Fed”, a résumé Joël Naroff, économiste indépendant, dans une note. Les entreprises et administrations américaines ont supprimé 4.000 emplois en août, par rapport à juillet, a indiqué vendredi le département du Travail, une surprise totale pour les analystes qui tablaient sur 110.000 créations. C’est la première fois que le solde mensuel des créations d’emplois est négatif depuis août 2003. Le taux de chômage est toutefois demeuré stable à 4,6%, à son plus haut niveau depuis août 2006. “La faiblesse récente du marché de l’emploi s’explique par les pertes d’emploi continues dans l’industrie et le bâtiment, une croissance plus lente dans certaines catégories de services et plusieurs déclins dans l’éducation au niveau local”, a expliqué Philip Rones, du bureau des statistiques. Dans un contexte de crise de l’immobilier, le bâtiment a supprimé 22.000 postes et l’industrie 46.000. Ces pertes ont été partiellement compensées par les créations d’emplois dans le secteur tertiaire (+60.000). Pour noircir le tableau, les chiffres des mois précédents ont été révisés en baisse, faisant apparaître 81.000 embauches de moins qu’annoncés en juin et juillet. Ces chiffres sont “minables”, a estimé Nigel Gault, analyste de Global Insight. Qui plus est, “le rapport publié aujourd’hui couvre le début du mois, c’est-à-dire la période qui précède le gros des répercussions des turbulences d’août”, a-t-il noté. “En tant que tel, il donne une image du marché du travail au moment où il approche des orages… et ce n’est pas brillant”. Soucieux de dissiper les craintes que pourraient susciter ces mauvais chiffres sur les marchés, le secrétaire au Trésor Henry Paulson a immédiatement réagi, pour écarter tout risque de récession. “Ce que nous vivons sur le marché du crédit a la capacité de pénaliser la croissance, mais l’économie va continuer à croître dans la seconde moitié de l’année,” a-t-il déclaré à la télévision financière Bloomberg TV. Le Fonds monétaire international (FMI) a averti jeudi qu’il s’apprêtait à revoir ses prévisions de croissance mondiale pour prendre en compte l’impact de la crise financière, en particulier aux Etats-Unis. L’institution table pour l’instant pour ce pays sur une expansion de 2,0% en 2007 et 2,8% en 2008. Ces statistiques sont un nouveau camouflet pour le président Bush, qu’a immédiatement souligné la candidate démocrate Hillary Clinton. “Les chiffres décevants de l’emploi ne sont que la plus récente indication que la stratégie simpliste du président (George W.) Bush (…) ne marche pas pour les Américains qui travaillent”, a-t-elle déclaré, dans un communiqué. Les yeux sont désormais tournés vers la Fed qui doit tenir le 18 septembre son comité de politique monétaire pour réexaminer le niveau de son principal taux directeur, aujourd’hui fixé à 5,25%. “Maintenant, la question est de savoir de combien la Fed va-t-elle baisser ses taux”, a résumé M. Naroff. “Ces chiffres confortent nos attentes d’une baisse de 50 points de base”, a indiqué à l’AFP Ian Morris, économiste de HSBC à New York. A la Société Générale, on table plutôt sur 25 points de base, “avec de grandes chances de réductions supplémentaires à l’avenir”. |
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