[07/09/2007 15:19:13] PARIS (AFP) La crise des “subprimes” bouscule la stratégie des banques centrales, incitant certaines, comme la BCE, à différer des hausses de taux annoncées, et d’autres, comme la Réserve fédérale, à engager plus vite que prévu un desserrement monétaire. “Les répercussions multiples et inattendues de cette crise amènent les banques centrales à revoir leur course”, souligne Hélène Baudchon, économiste au Crédit Agricole SA. Alors qu’elle avait programmé une hausse de son taux de refinancement (refi) de 4% à 4,25% pour septembre, la Banque centrale européenne (BCE) a corrigé le tir, optant finalement pour le statu quo lors de sa réunion de jeudi. Si elle envisage toujours de relever ce taux ultérieurement en raison de risques inflationnistes persistants, elle ne devrait pas agir avant une réelle accalmie sur les marchés. La Banque d’Angleterre a elle aussi laissé ton taux inchangé à 5,75% jeudi et la Banque du Canada a maintenu le sien à 4,50% la veille. Quant à la Réserve fédérale américaine (Fed), “on s’attend à ce qu’elle baisse son principal taux” lors de sa réunion du 18 septembre “alors qu’il y a un mois les anticipations de statu quo semblaient solides”, poursuit Mme Baudchon. Les experts tablent aujourd’hui sur deux à quatre baisses successives de 25 points de base des “Fed Funds”, actuellement à 5,25%, au cours des prochains mois. Les autorités monétaires s’inquiètent en effet des conséquences de la crise des prêts hypothécaires aux Etats-Unis, dite des “subprimes”, sur la croissance économique. Elle devrait freiner le secteur de la construction aux Etats-Unis mais aussi en Europe, et peser lourdement sur les performances des banques. Plus grave: elle s’est transformée en véritable crise monétaire, car les banques, ne sachant quelles institutions sont réellement exposées à des pertes liées aux “subprimes”, ne se font plus confiance et ne se prêtent plus entre elles. D’où une crise de liquidité, une flambée des taux interbancaires, et un risque de durcissement généralisé des conditions de crédit, qui a contraint les banques centrales, en particulier la Fed et la BCE, à injecter massivement des liquidités sur le marché monétaire depuis le 9 août, et encore ces derniers jours. Les autorités monétaires n’avaient pas autant infléchi leur stratégie de concert depuis les attentats du 11 septembre 2001. Elles avaient alors baissé leurs taux très rapidement de façon coordonnée tout en inondant les banques de liquidités. Un rôle de “pompier” qu’elles avaient également joué lors de la faillite du fonds d’investissement LTCM en 1998 ou après le krach boursier de 1987. Certains observateurs jugent qu’en réagissant aussi fortement, les autorités monétaires jouent un rôle de “pompier pyromane”, et récompensent les investisseurs ayant pris des risques excessifs. “Sur un plan macroéconomique, c’est vrai que les banques centrales sauvent la situation, mais elles préparent également la crise suivante”, estime jeudi dans La Tribune Patrick Artus, chef économiste de Natixis. Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, note que la stratégie de BCE et de la Fed sont différentes, la première se focalisant sur l’inflation et la hausse du prix des actifs, la seconde donnant la priorité à la croissance selon lui. “Sur le fond, la BCE a raison. Mais aujourd’hui, il y a urgence, il ne faut pas se tromper de priorité”, insiste-t-il. Pour Hélène Baudchon, les banques centrales “sont partantes pour donner libre cours aux lois du marché et laisser la purge se faire le plus possible, mais tant que cela n’affecte pas les perspectives économiques”. |
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