Décès de Philippe Jaffré, ancien PDG du groupe pétrolier Elf

 
 
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Philippe Jaffré, le 26 mai 2004 à Paris lors de la présentation des résultats financiers d’Alstom (Photo : Eric Feferberg)

[09/09/2007 16:30:11] PARIS (AFP) L’ancien PDG du groupe pétrolier Elf, Philippe Jaffré, est décédé mercredi, a annoncé dimanche dans un communiqué le groupe Alstom, dont il était le vice-président exécutif.

Il est décédé “des suites d’une longue maladie”, à l’âge de 62 ans, a-t-on appris de source proche.

Philippe Jaffré a redressé d’une main de fer un groupe pétrolier entaché par les “affaires”, mais l’a quitté sur une controverse autour de sa rémunération, avant de participer au sauvetage du groupe industriel Alstom.

Intransigeant, provocateur et cassant, Philippe Jaffré est devenu patron d’Elf Aquitaine en 1993 quand le Premier ministre de l’époque, Edouard Balladur, le charge de privatiser un groupe à l’image ternie par les “affaires” de détournement de fonds.

Afin de solder ce lourd héritage, il confie le dossier à la justice, provoquant la mise en examen de son prédécesseur Loïk Le Floch-Prigent et d’autres personnalités, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas.

Il quitte en 1999 une entreprise assainie mais se retrouve au coeur d’une polémique sur le montant de ses indemnités de départ et des plus-values de stock-options. Leur montant cumulé a été estimé par la presse dans une fourchette allant de 6 millions d’euros à plus de 30 millions.

Philippe Jaffré, qui se refuse à divulguer le montant de ses indemnités, attise la polémique en les qualifiant de “banales”.

Patron respecté, il n’a pas su se faire aimer par ses troupes. Il a notamment pâti de son caractère entier et de sa formation de financier au sein d’un sérail d’ingénieurs soudés par une forte solidarité de corps.

On lui prête parfois cette expression brutale: “le monde se divise en deux, celui des inspecteurs des finances… et les autres”.

Sous sa présidence, Elf a multiplié ses résultats par six, réduit son endettement et ses coûts d’exploitation, triplé sa capitalisation boursière à 60 milliards d’euros, en faisant progresser le cours de l’action.

Le groupe a par ailleurs augmenté ses réserves pétrolières et gazières et diversifié ses zones d’exploration dans le monde.

Sa démission a marqué l’épilogue d’une longue et rude bataille boursière, qui a vu son groupe absorbé par son rival franco-belge TotalFina, dirigé à l’époque par Thierry Desmarest, actuel président non exécutif de Total.

Blessé dans son amour propre par l’offre publique d’échange (OPE) lancée par TotalFina sur son groupe –qu’il n’attendait pas–, il avait tenté en vain de la mettre en échec grâce à une contre-offre sur TotalFina, avant de jeter l’éponge, en constatant à regret que les marchés ne le suivaient pas.

A priori, rien ne prédisposait cet inspecteur des Finances, major de sa promotion de l’ENA en 1973, à coiffer la casquette de capitaine d’industrie, après avoir fait ses preuves dans la haute fonction publique et la banque.

Il est l’un des artisans du succès de la première vague de privatisations en 1986 au sein de la direction du Trésor. En 1988, il quitte le Trésor pour le Crédit Agricole, après un passage éclair à la banque Stern.

Après son départ d’Elf, il rejoint son secteur d’origine, en présidant de 1999 à 2002 l’éphémère banque en ligne Zebank, du groupe Arnault.

Il participe ensuite au sauvetage du groupe industriel Alstom, qu’il rejoint en 2002 comme conseiller des PDG Pierre Bilger puis Patrick Kron, avant d’en devenir le directeur financier. Il en était jusqu’à son décès le vice-président exécutif.

Alstom est passé au bord de la faillite en 2003, avant que l’Etat ne vole à son secours, prenant 21% de son capital et négociant avec Bruxelles une sévère cure d’amaigrissement.

Marié et père de trois enfants, il était un grand amateur de golf.

Cité dans le communiqué d’Alstom, Patrick Kron, PDG du groupe, a souligné “le rôle essentiel qu’a joué Philippe Jaffré dans (son) redressement”.

“Alors que le groupe se trouvait dans une situation critique, en 2003 et 2004, Philippe Jaffré a apporté une vision, des compétences et une disponibilité qui ont contribué (…) à la mise en oeuvre des solutions qui ont permis de sauver l’entreprise”, a-t-il estimé.

 09/09/2007 16:30:11 – © 2007 AFP