Il est révolu le temps où le Maghreb est considéré économiquement comme
étant un réservoir de main d’œuvre à bas salaire pour la production. Sur ce
terrain, le Maghreb ne peut pas ou plus prétendre concurrencer d’autres
zones comme la Chine, le Vietnam…
En revanche, le Maghreb représente dans les faits une zone de croissance de
la consommation et un vivier pour développer des activités à forte valeur
ajoutée. Les axes de développement d’activités recouvrent les industries à
fortes composantes technologiques, les services, les télécommunications,
l’informatique, l’ingénierie, le télé travail, voire la recherche et le
développement.
Le Maghreb, faut-il le rappeler, est un marché cohérent représentant 80
millions de consommateurs homogènes culturellement et sur le plan
comportemental. La construction d’un marché commun maghrébin, favoriserait
un intérêt accru à la zone en terme d’investissement, et en cas de
persistance de l’émiettement institutionnel, les entreprises les plus
dynamiques positionneront l’essentiel de leurs investissements ailleurs. A
ce titre, l’ouverture de l’Algérie et de la Libye à l’économie de marché
lève une hypothèque sur la constitution d’un marché maghrébin et ouvre une
réelle perspective de développement du commerce et de l’économie maghrébins.
Le développement de l’investissement intermaghrébin est vital
La Dimension Maghrébine pour les entreprises maghrébines les plus dynamiques
n’est plus un choix, encore moins une hésitation, c’est une obligation
vitale pour survivre et se développer face à la concurrence mondiale, à
l’ouverture prévue de nos frontières économiques avec l’Europe et aux
accords de l’OMC.
Des groupes maghrébins ont franchi avec succès le cap de l’investissement
dans le Maghreb. Les raisons de ce pari gagnant sont multiples, il y a
d’abord la volonté de se développer et atteindre une taille critique viable
dans une économie ouverte sur les marchés mondiaux, mais aussi pour
accompagner les clients internationaux en s’implantant à côté de leurs
installations industrielles ou de leurs marchés.
Ces groupes maghrébins ont réussi, malgré les difficultés, en misant sur les
fondamentaux du professionnalisme, à savoir : Maîtriser son métier et
rechercher l’excellence dans le savoir faire, rechercher des talents,
apprendre à les gérer et leur donner les moyens d’agir et enfin connaître
son marché, se mesurer aux meilleurs mondiaux et être capables d’emporter
des appels d’offres internationaux.
Mais, si la réussite était au rendez-vous pour ces entreprises maghrébines,
cela n’a pas été facile, l’essentiel des difficultés rencontrées touchent,
en effet, aux implantations laborieuses, aux lourdeurs administratives, aux
retards sur le plan législatif, aux autorisations des banques centrales, aux
formalités douanières, aux autorisations de nombre d’expatriés
intra-maghrébins, au foisonnement des conventions et réglementations…
Des progrès sur ces points sont constatés et appréciés, les administrations
sont en général conscientes des difficultés et peuvent aider ponctuellement
à accélérer les choses dans des cas critiques. L’importance des progrès
constatés est inégale d’un pays du Maghreb à l’autre, mais leur rythme est
en général jugé incompatible avec la réactivité nécessaire à une économie
moderne ouverte à la concurrence mondiale. Ces difficultés constituent un
handicap de taille pour les entreprises maghrébines et donnent, de fait, un
avantage concurrentiel aux entreprises établies dans des zones concurrentes
du Maghreb.
Pour un Maghreb intégré par l’entreprise d’abord
Pour construire dans le concret la vision maghrébine au niveau des acteurs
économiques, il est recommandé de bien communiquer sur les succes story des
champions Maghrébins, de développer le parrainage par les champions de
futurs champions, d’inciter les talents à accompagner les entreprises et à
imaginer leurs carrières futures dans l’espace Maghrébin. Il est impératif
de développer le brassage des élites maghrébines (Union Maghrébine des
Employeurs, Centres des Jeunes Dirigeants, Atuge et associations
équivalentes dans le Maghreb, …) ainsi que le brassage des entreprises à
l’instar de Médallia qui se tiendra à Tunis prochainement ou encore Maghreb
Développement à l’initiative d’une banque de la place.
Un observatoire pour mesurer les progrès inter-Maghrébins en matière de
simplifications administratives, de circulation des personnes, de
circulation des marchandises et de capitaux pourrait constituer l’un des
chantiers de l’UME, présidée par M. Hédi Djilani. Cette veille Maghrébine
entreprenariale augurera d’une veille sur l’intégration de fait de
l’ensemble maghrébin, celle des peuples et des personnes, et là c’est un
autre débat …
Tunis le 3 septembre 2007.
*Economiste statisticien
(Source : La Presse de
Tunisie)
|