France : un rebond industriel pas encore décisif pour la croissance

 
 
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Usine Renault à Sandouville (Photo : Robert Francois)

[10/09/2007 18:56:41] PARIS (AFP) Le rebond de la production industrielle française (+1,3% en juillet), particulièrement dans le secteur automobile, apparaît comme une bonne nouvelle mais reste insuffisant pour amener les économistes à revoir à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2007.

“Bonne nouvelle”, “éclaircie”, “optimisme”: le premier indicateur publié pour le troisième trimestre, après des résultats qui avaient unanimement déçu au trimestre précédent (seulement 0,3% de croissance), a suscité l’enthousiasme de nombreux économistes.

Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi, souligne ainsi qu’il s’agit de “la plus forte hausse depuis mai 2005” tandis que Nicolas Bouzou (Asterès) relève que “tous les grands secteurs ont vu leur production s’accroître”, en dehors des biens de consommation (-0,1%).

L’enthousiasme est d’autant plus fort que la production industrielle représente plus de la moitié du chiffre trimestriel de croissance et que le secteur automobile, traditionnellement et symboliquement très important pour la France, renoue enfin avec la hausse (+4,7%).

Selon la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, “la vigueur de la production industrielle en juillet atteste du dynamisme des entreprises”. “La très bonne orientation de cet indicateur va dans le sens du scénario attendu d’accélération de l’activité au deuxième semestre 2007”, estime-t-elle dans un communiqué.

Un optimisme que relativise toutefois Eric Dubois, chef du département de la conjoncture économique de l’Insee. “On s’attendait à une correction en juillet” après des “facteurs exceptionnels” (grève, incendie) qui ont affecté la production dans certains secteurs en juin, explique M. Dubois.

“A partir du moment où il s’agit d’un rebond en partie mécanique, il ne faut pas extrapoler ce chiffre pour les mois qui viennent, on n’aura pas 1,5% de croissance pour l’industrie manufacturière (hors énergie et industries agricole et alimentaire, ndlr) sur les prochains mois”, tempère-t-il.

“Il n’est même pas à exclure qu’on ait une correction à la baisse en août, même si ce n’est pas le plus probable”, prévient le responsable de l’Insee.

Eric Dubois souligne toutefois que la conjoncture dans l’industrie, sans être exceptionnelle, est “bien orientée”, avec un indice de “climat des affaires” bien supérieur à la moyenne.

Le net rebond des constructeurs automobiles français (près de 8% de la production industrielle totale en juillet), semble là encore devoir être relativisé. “Malgré sa rémission de juillet, la production automobile continue d’afficher un glissement annuel largement négatif à -4,6%”, note Marc Touati (Aux commandes de l’économie).

Pour Alexander Law, “l’automobile signe une trajectoire digne des montagnes russes” et, nouveaux modèles ou pas (Laguna III, Peugeot 308), “avec une telle volatilité” il est “impossible d’affirmer que le secteur est enfin sorti de l’ornière”.

Plus globalement, malgré ces bons chiffres émanant de l’industrie, ces économistes jugent prématuré de revoir à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2007 (inférieure dans tous les cas à 2%), citant notamment les effets potentiels de la crise financière provoquée en août par l’effondrement du système de crédits hypothécaires aux Etats-Unis.

Le gouvernement maintient quant à lui envers et contre tout son objectif de croissance dans une fourchette de 2 à 2,5% pour cette année.

 10/09/2007 18:56:41 – © 2007 AFP