Pétrole : spéculations sur une hausse de la production à la veille de la réunion de l’Opep

 
 
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Une pompe à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[10/09/2007 20:01:10] VIENNE (AFP) Les spéculations en faveur d’une hausse de la production de pétrole de l’Opep s’intensifiaient lundi à la veille d’une réunion du cartel bien qu’aucun de ses membres n’ait donné de signes clairs sur une telle éventualité.

“On parle d’une augmentation de 500.000 barils par jour”, croit savoir Véra de Ladoucette, analyste du Cambridge Energy Reseach Associate, interrogée par l’AFP.

“La conjonction de prix élevés et d’un ralentissement économique fait que les pays de l’Opep n’ont pas envie de se retrouver désignés comme les responsables d’une récession, ce qui plaide en faveur d’une augmentation de la production”, explique-t-elle.

Les prix pétroliers se sont envolés la semaine dernière, montant jusqu’à 77,43 dollars le baril en séance jeudi, proches de leur record historique de 78,77 dollars atteint le 1er août.

Lundi soir, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en octobre a gagné 79 cents, clôturant à 77,49 dollars.

Un tel niveau pourrait heurter l’économie mondiale, qui fait déjà face à la crise financière la plus sévère depuis cinq ans, estiment des analystes.

L’économie américaine en particulier a multiplié les signes de faiblesse, avec 4.000 pertes d’emplois le mois dernier aux Etats-Unis, une première depuis quatre ans.

Mais les 12 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n’ont pas oublié non plus la crise asiatique il y a dix ans quand ils avaient augmenté leur production avant de voir les prix s’effrondrer jusqu’à 10 dollars le baril en 1999.

“Si le ralentissement économique se confirmait, cela voudrait dire un ralentissement de la croissance de la demande et les pays de l’Opep feront attention à ne pas précipiter une chute brutale des prix en augmentant de façon trop importante la production”, fait valoir Mme de Ladoucette.

“Que se passera-t-il si j’augmente la production (de brut) et que personne ne l’achète?”, faisait ainsi remarquer dimanche le ministre du pétrole qatari, Abdullah bin Hamad al-Attiyah.

Le dilemme de l’Opep est donc d'”ajuster la production en tenant compte de ces deux paramètres”, selon Mme de Ladoucette.

Le ministre irakien du Pétrole, non soumis au système des quotas, a évoqué samedi la possibilité d’une légère hausse de production, mais les autres représentants de pays membres du cartel se sont ouvertement prononcés contre.

“Nous pensons qu’il n’y a pas besoin d’augmenter la production (…) nous ne voyons aucune raison qui nous oblige à changer la politique” actuelle “au moins jusqu’en décembre”, a notamment déclaré le vénézuélien Rafael Ramirez lundi.

Le silence du saoudien Ali al-Nouaïmi, chef de file du cartel, depuis son arrivée à Vienne, a toutefois alimenté les spéculations sur une hausse de la production.

“Nous devons assumer notre responsabilité de producteurs”, a déclaré le ministre du Pétrole du Koweït, Mohammed Abdullah al-Olaim, quelques heures après s’être entretenu avec M. al-Naïmi ainsi que ses homologues émirati et qatari.

Une légère inflexion par rapport à ses propos de la veille: il avait en effet déclaré en arrivant à Vienne que “pour le moment, les chiffres (…) n’orientent pas vers une hausse de production”.

L’Arabie saoudite, premier producteur de pétrole au monde, est le seul membre de l’Opep à disposer d’une capacité de production excédentaire significative.

“L’Arabie saoudite est la clé de la décision” et “écoutera avec attention” les Etats-Unis et l’Europe, a estimé l’analyste pétrolier indépendant John Hall.

Une légère augmentation du plafond officiel de production des 10 membres du cartel soumis au système des quotas (l’Irak et l’Angola en sont exclus) pourrait, s’il avait lieu, faire figure de “geste psychologique” à destination des pays consommateurs.

Cela pourrait “légitimer une situation de fait, dans la mesure où la production de l’Opep-10 excède déjà d’environ 900.000 barils par jour” son objectif officiel de 25,8 millions de barils par jour, souligne Mme de Ladoucette.

 10/09/2007 20:01:10 – © 2007 AFP