[10/09/2007 21:59:51] PARIS (AFP) Les principaux syndicats français ont menacé lundi de déclencher un conflit d’ampleur si le président Nicolas Sarkozy et son gouvernement de droite décidaient de passer en force sur la réforme annoncée des régimes spéciaux de retraite. Nicolas Sarkozy a annoncé lundi, en visite en Allemagne, qu’il se prononcerait “le 18 septembre” sur ce dossier concernant 1,5 million de Français et qui pourrait se transformer en première épreuve de force entre le président élu en mai et les syndicats. “J’ai été élu pour mettre en oeuvre des réformes profondes pour moderniser la France, et ces réformes se feront”, a-t-il lancé. La veille, son Premier ministre François Fillon avait créé la surprise en déclarant que la réforme était “prête” et que le gouvernement n’attendait que le “signal” de M. Sarkozy pour la mettre en oeuvre soit par une loi, soit même par décret. Les syndicats, dont la mobilisation en 1995 lors d’une tentative de réforme sur la même question avait paralysé la France et forcé le gouvernement de l’époque dirigé par Alain Juppé à faire machine arrière, ont réagi par un tir de barrage à ce qu’ils ont considéré comme un refus a priori de la négociation.
Premier syndicat du pays, la CGT a prévenu que si le gouvernement procédait “par le fait accompli”, il y aurait “du sport”. Elle a été rejointe par le syndicat réformiste CFDT qui, tout en reconnaissant la nécessité d’une réforme, a promis “un conflit majeur” si celle-ci se faisait “sans dialogue et sans concertation”. “Si on ne fait pas évoluer ces régimes, ils seront en faillite et les retraites des personnels ne seront pas versées”, a reconnu le chef de la CFDT François Chérèque, une position partagée par certains socialistes. Le secrétaire général François Hollande s’est élevé contre toute “précipitation”. Force Ouvrière (FO) avait lancé une mise en garde dimanche, et le Parti communiste (PCF) a annoncé qu’il mettrait “tout en oeuvre pour combattre la logique de destruction du gouvernement”. Les régimes spéciaux d’entreprises publiques – SNCF (chemins de fer), Electricité et Gaz de France – et de professions particulières (marins, clercs de notaire, ou parlementaires…) permettent généralement à leurs affiliés (500.000 actifs et 1,1 million de retraités) de partir à la retraite plus tôt que les autres salariés -parfois dès 50 ans-, et à des conditions nettement plus avantageuses. Ce qui augmente d’autant leur coût pour la collectivité alors que le système français de retraites par répartition est dans une impasse financière du fait du vieillissement de la population. C’est d’ailleurs davantage la méthode des pouvoirs publics que la question de la nécessité d’une réforme qui braque les syndicats, et pourrait le cas échéant susciter une mobilisation. Environ 5 millions de Français travaillent dans la fonction publique, soit un quart de la population active. Jean-Daniel Levy, de l’institut de sondages CSA, observe que les Français sont dans leur ensemble “plutôt favorables” à la réforme des régimes spéciaux, au nom de l’égalité et pour sauver l’ensemble du système de retraites. Mais, souligne-t-il, si le “potentiel de mobilisation” ne paraît pour l’heure “pas très important” sur cette question, la situation peut se renverser rapidement selon la manière dont est présentée et menée la réforme. “Les aspects symboliques sont extrêmement importants en France”, et la situation peut changer si les Français en viennent à penser que derrière la réforme des régimes spéciaux, “c’est tout le système de retraites qui pourrait être remis en cause” par le gouvernement de M. Sarkozy, dit-il. |
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