[11/09/2007 13:43:54] BERLIN (AFP) Malgré les assauts d’amabilité du président français à l’égard de la chancelière Angela Merkel, l’Allemagne ressent un certain agacement envers Nicolas Sarkozy et son hyperactivité, et sa façon de donner des leçons, notamment sur l’énergie nucléaire. Au sommet de Meseberg, le président français a signé “votre ami” sur le livre d’or du château qui sert de résidence officielle du gouvernement allemand, et embrassé chaleureusement la chancelière sur les deux joues. Celle-ci s’est montrée très aimable mais réservée, selon sa nature, ne laissant rien paraître de ses sentiments profonds. Doit-on croire le quotidien Rheinische Post de mardi: “avec sa manière de voler la vedette aux autres, le président remuant s’est rendu extrêmement impopulaire à la chancellerie”. Ou bien Berlin s’est-il au contraire accomodé du style Sarkozy, qui expose des divergences connues plus clairement que sous Jacques Chirac. Les griefs sont connus: Berlin n’apprécie pas sa contestation de l’indépendance de la Banque centrale européenne, ni le fait qu’il se soit présenté en “architecte du succès” du sommet européen de juin. Berlin aurait de surcroit été courroucé de n’être pas informé de l’initiative française autour des infirmières bulgares en Libye et du fait que le président français se mette en avant sur la transparence des marchés financiers, réclamée “depuis des mois” par Mme Merkel. Enfin, sa manière de s’arroger le rôle principal dans le règlement de la crise chez l’avionneur européen Airbus a pu froisser. Le Rheinische Post évoque une altercation entre M. Sarkozy et le ministre social-démocrate des Finances Peer Steinbrück, qui aurait reproché au président de faire des cadeaux fiscaux à ses électeurs plutôt que de respecter le plan d’économies européen. M. Sarkozy en voudrait à Mme Merkel, selon ce journal, de ne pas avoir remis en place son ministre. L’appel appuyé de Sarkozy, lundi à Meseberg, à l’Allemagne à revenir à l’option nucléaire quand le peuple allemand aura “tranché”, et les allusions à une coopération “difficile” dans le domaine énergétique quand les options divergent des deux côtés du Rhin, ont été perçus comme une flèche dans le talon d’Achille de la “grande coalition” formée des conservateurs, favorables à l’atome civil, et des sociaux-démocrates, qui ont obtenu l’assurance de son abandon à l’horizon 2020. L’annonce de M. Sarkozy qu’il utilisera sa présidence de l’UE fin 2008 pour élaborer une politique européenne de l’énergie a été perçue par certains sociaux-démocrates comme une attaque frontale supplémentaire et une ingérence, à deux ans des élections en Allemagne. “L’énergie nucléaire est tout sauf une technologie du futur”, a rétorqué sèchement le ministre social-démocrate (SPD) de l’Environnement Sigmar Gabriel. Un des chefs du groupe parlementaire, Ulrich Kelber, y voit la tentative de “faire passer en force la politique industrielle française”. Pour Martin Koopmann, chercheur à la Société allemande de politique étrangère (DGAP), “rien n’a changé au fond dans la donne franco-allemande”. Si “la façon dont Sarkozy met le nucléaire sur la table” peut être mal ressentie, Berlin et Paris savent désormais que “chacun défend ses intérêts nationaux, les conflits sont plus transparents, et la relation franco-allemande est moins perçue par les pays tiers comme hégémonique”. |
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