[11/09/2007 14:04:27] PARIS (AFP) A peine le mariage GDF Suez engagé, Paris envisage de rapprocher les groupes nucléaire Areva et industriel Alstom, ce qui supposerait d’évincer l’allemand Siemens d’Areva, un scénario déjà exclu par Berlin. Selon le quotidien Les Echos mardi, plusieurs options sont officiellement sur la table de l’Elysée mais le schéma privilégié serait une union entre les groupes public Areva et privé Alstom. Or Alstom est le grand rival de Siemens, déjà présent à hauteur de 34% dans le capital d’Areva NP (ex-Framatome), filiale d’Areva qui construit les réacteurs nucléaires de troisième génération EPR. En juillet, l’hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche affirmait que le président Nicolas Sarkozy souhaitait que Siemens sorte du capital d’Areva NP, pour ensuite fusionner Areva avec Alstom et le groupe diversifié Bouygues. La présidence française a seulement dit mardi qu’elle menait “une réflexion stratégique” sur la filière énergétique, tandis que le ministère de l’Economie a précisé qu’il étudiait “toutes les options” concernant le leader mondial du nucléaire, sans calendrier. L’Elysée aurait constitué un groupe de travail, tandis que l’Agence des participations de l’Etat, qui dépend de Bercy, a fait appel aux conseils de la banque HSBC et du cabinet McKinsey, selon une source proche du dossier. Dans une note transmise début août aux pouvoirs publics, le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), principal actionnaire d’Areva, envisageait trois scénarios, dont un rapprochement Areva/Alstom. Il s’agirait de fusionner les deux groupes, ce qui conduirait à une privatisation d’Areva et à l’entrée dans le nouvel ensemble de Bouygues, premier actionnaire d’Alstom, et dont le PDG Martin Bouygues est un proche de M. Sarkozy. Les activités du nouvel ensemble seraient filialisées par métiers, et le holding de tête serait détenu à un peu plus de 30% par le CEA, à 5% par l’Etat, et à plus de 26% par Bouygues. Le capital d’Areva est actuellement public à près de 85%, dont 5,2% appartenant à l’Etat et 79% au CEA. Il est déjà ouvert à 4%, avec des actions sans droit de vote cotées à la Bourse de Paris. Avec Bouygues, qui construit des centrales nucléaires, et Alstom, qui en conçoit les turbines, Areva serait présent dans toute la filière, jusqu’à son équipement. Mais ce scénario supposerait l’éviction de Siemens, ce que Berlin a exclu d’emblée lundi. La chancelière Angela Merkel a déclaré lundi, à l’issue d’une rencontre avec Nicolas Sarkozy, qu’elle souhaitait la poursuite du partenariat industriel entre Siemens et Areva NP. M. Sarkozy s’est contenté d’indiquer que “la France (était) prête à collaborer avec des groupes, et donc Siemens qui est déjà dans Framatome”. Siemens serait, dans le schéma privilégié, remplacé par le géant nippon de l’industrie lourde Mitsubishi Heavy Industries (MHI), qui vient de créer avec Areva une co-entreprise pour développer un réacteur de moyenne puissance. Le CEA avait proposé deux autres schémas pour Areva, l’un consistant à ouvrir son capital sans y faire entrer d’autres groupes, l’autre créant un groupe contrôlé toujours par l’Etat, avec l’entrée de Bouygues dans Areva NP. Alstom a réaffirmé mardi qu'”un rapprochement industriel (avec Areva) aurait du sens”. Son PDG, Patrick Kron, avait précisé fin juin qu’il préférait nouer un “partenariat industriel” avec Areva plutôt que d’acheter une part de son capital. Bouygues a toujours dit vouloir “jouer un rôle” en cas de refonte d’Areva. Vers 15H40, ces informations dopaient les titres en Bourse. Alstom prenait 6,55% à 136,16 euros, Areva 2,44% à 700,65 euros et Bouygues 1,90% à 56,22 euros, dans un marché en hausse de 1,31%. |
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